Le processus d’Alger est mis à mal depuis plusieurs semaines par des chefs de groupes signataires trop pressés d’occuper des fonctions dirigeantes au sein des autorités intérimaires. Le retentissement médiatique de leurs claquements de porte du comité de suivi des accords masque d’autres affrontements, non moins violents, qui opposent en particulier le GATIA et le Ganda Izo dans le Gourma et autour de Douentza.
Depuis deux mois qu’il se mesure frontalement au GATIA, le Ganda Izo ne compte plus ses morts et ses blessés. Bera, Arbichi, Korioume, N’Daki, I-n-Tillit… Autant de localités qui ont vu des hommes tomber, d’autres être faits prisonniers, pour quelques kilomètres carrés de terrain gagnés. Le jeu en vaut-il la chandelle pour ce mouvement désorganisé, cette hydre à trois têtes rongée par les querelles intestines ?
Le communiqué du 15 mai de la COMPIS 15, dont se réclame l’une des franges du Ganda Izo, fait froid dans le dos : « L’attaque lancée par le groupe d’autodéfense Imghads Gatia contre le Ganda Izo est une agression planifiée et exécutée pour le compte de la communauté des Imghads et alliés » … « La COMPIS 15 et le mouvement Ganda Izo appellent les communautés sonrais, bellas, peuls, bambaras, chirfis, sorkos ainsi que les touaregs et les arabo-berbères qui aspirent véritablement à la paix et au vivre ensemble, à s’unir d’avantage et à raffermir leurs rangs pour contrer les velléités des imghads d’extermination des populations noires de la zone du Gourma ». La lecture simpliste des évènements et la stigmatisation d’une communauté entière du Mali illustrent les dérapages auxquels le Ganda Izo est en train de se prêter.
Les « fils du pays », comme avaient choisi de s’appeler ces combattants, ont pourtant su donner à maintes reprises une autre image de leur combat, une image pacifique et fédératrice. Issu de la communauté songhaï, le Ganda Izo s’est constitué voilà sept ans sur le refus de la violence du Ganda Koy à l’encontre de ses ennemis désignés : les Imghads. Rallié par de nombreux Peuls, plus préoccupés par la survie de leur bétail en période de transhumance que par de petites victoires t sur les routes de Mopti à Ménaka, le Ganda Izo a su coordonner les populations sédentaires du Mali et les mener aux discussions d’Alger. Oublierions-nous que le Ganda Izo militait pour la signature de l’Accord de paix et de réconciliation quand l’une des principales coordinations s’y opposait encore ?
Délaissant traditionnellement l’exercice du pouvoir, ces populations souffrent malheureusement encore d’un déficit d’image et de représentativité. On voit même désormais leurs noms associés à ceux du MUJAO, d’Al Mourabitoune, d’Ansar Dine ! Peu expertes de la vie politique, dénuées de revendications territoriales, dépourvues de leader charismatique, elles ont finalement été trahies par de petits chefs incapables de s’entendre et de se positionner durablement sur l’échiquier politique. Ces ambitieux naviguent et se partagent entre la CMA et la Plateforme, d’autres se voient déjà proposer une troisième voie … Est-ce bien raisonnable ?
Il est temps pour ce mouvement de se ressaisir, de réinvestir l’arène politique avec un vrai projet pour les communautés peule, songhaï, bozo, trop souvent exclues du dialogue national. A défaut, les groupes armés terroristes s’engouffreront davantage dans cette brèche et achèveront de dénaturer le noble combat des fils du pays.
La rédaction
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