« Le centre du pays, grand oublié des négociations inter-maliennes d’Alger, voit se développer des formes préoccupantes de violences armées » a déclaré le Dr Jézéquel lors d’une conférence de presse, ce jeudi 16 juin 2016 à Dakar.
Auteur d’un rapport à paraître et intitulé “conflit local et radicalisme religieux au centre du Mali”, le chercheur précise que la violence qui gagne cette partie du Mali se traduit par la présence « des noyaux jihadistes certes encore mal structurés mais qui se développent, en instrumentalisant les fortes frustrations locales ».
Depuis la crise de 2012, l’attention du gouvernement malien est focalisée sur le nord du pays, initialement le principal repaire des groupes dits jihadistes, alors qu’aujourd’hui dans le centre se développent des groupes « de gens qui se professionnalisent dans l’usage des armes ».
Selon le chercheur, il règne un très « fort discrédit » de l’Etat dans cette partie du pays et le besoin de sécurité des populations fait le lit des milices d’auto-défense et des organisations favorables au jihad. De 2015 à ce jour, plusieurs attaques armées ont été notées dans le centre du pays, comme l’attaque en août 2016 d’un hôtel dans la ville de Sévaré.
Courant avril 2016, l’armée malienne a subi de vives critiques après la mort de plusieurs jeunes appartenant à la communauté peul que les militaires disaient avoir confondus à des terroristes.
Le centre du Mali c’est le berceau du Front de Libération du Macina (FLM), apparu en janvier 2015 et dirigé par un dénommé Amadou Koufa, un prêcheur réputé être proche de Iyad Ag Ghali, le patron d’Ansar Dine, un des principaux groupes armés qui avaient un moment occupé tout le nord du Mali.
A propos de ce groupe que d’aucuns jugent très mystérieux, Jean-Hervé Jézéquel, précise qu’il s’agit d’un mouvement « beaucoup plus composite », contrairement à ceux qui l’assimilent uniquement à une entité dévolue à la défense des communautés peuls. « Le FLM, fait aussi partie de ces noyaux qui sont en train de se structurer (…), en plus il entend jouer un rôle social puisque dans le discours du FLM, il y a la répartition du foncier, l’accès aux pâturages… »
Le centre du Mali, a toujours été marqué par des troubles communautaires, qui avec « l’absence de l’Etat » se sont aggravées, notait l’anthropologue malien Bakary Sangaré, citée par le site web du magazine panafricain Jeuneafrique.
« Quand les rebelles puis les jihadistes sont arrivés en 2012 et que l’État a disparu, il n’y avait plus personne pour régler les conflits. Ils ont donc dû s’armer pour se défendre. Ils ont sollicité l’aide des autorités, mais après leur refus, ils se sont tournés vers les jihadistes » expliquait cet anthropologue.
Le Mali vit une crise multiforme depuis le coup d’Etat de mars 2012 et l’occupation de la partie nord du pays par les groupes armés comme Ansar Dine ou le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), momentanément chassés par une intervention militaire de la France.
Depuis, ces groupes ont quitté leur base dans le nord du Mali et démultiplié les attaques un peu partout dans la partie région ouest africaine, en ayant lancé des frappes meurtrières en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso notamment.
Source: ouestaf
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