Agriculteurs et éleveurs ont décidé d’enterrer la hache de guerre et de recommencer à vivre ensemble, en harmonie comme par le passé
La ville de Niono a servi de cadre le jeudi 2 et le vendredi 3 juin, à la rencontre intercommunautaire entre pasteurs et agriculteurs du delta du Niger. L’initiative de cette rencontre est venue du ministre de la Réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed, qui assurait lui-même la présidence de la rencontre.
Initialement prévue à Nampala, chef-lieu de la commune rurale du Nampalari, suite aux violences meurtrières survenues dans la commune de Dioura (cercle de Ténenkou), la rencontre a finalement été délocalisée à Niono vue la faible capacité des structures d’accueil à Nampala.
Elle a regroupé durant deux jours, nombre de personnalités parmi lesquelles le ministre de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat, Mohamed Ag Erlaf, le gouverneur de la Région de Ségou, Georges Togo, des représentants des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, une forte délégation de parlementaires mobilisée conduite par le 9è vice-président de l’Assemblée nationale, Abdoulaye Dembélé, député élu à Tominian, et comprenant ses collègues élus à Niono (Belco Bah et Amadou Araba Doumbia), à Ké-Macina (Boubacar Bah et Lahassana Koné), à Ténenkou (Abderhamane Niang et Amadou Cissé), à Tombouctou (Aziza Mint Mohamed) et à Sikasso (Bakary Diarra).
Expliquant le contexte de la rencontre, le ministre de la Réconciliation nationale a indiqué qu’il s’agissait d’adoucir les cœurs et les esprits dans le Karéri, le Nampalari et le Kouroumari, afin d’y instaurer un climat de paix, de quiétude, de stabilité, de sérénité et de bon vivre ensemble. Un climat qui a toujours existé entre les communautés vivant dans cet espace jusqu’au récent affrontement meurtrier de Dioura. Dans cet espace, les populations sont liées par le sang et l’histoire. Elles ont toujours cohabité en harmonie, sans considération de race, d’ethnie ou de religion.
Dans son discours d’ouverture le ministre Zahabi Ould Sidi Mohamed avait invité les participants à tenir le langage de la vérité, à dire tout ce qu’ils ont sur le cœur. Le ton ainsi donné par le ministre, quel ne fut le soulagement de ce beau monde réuni sur la grande place de l’Indépendance de Niono, lorsque le représentant du chef de village de Dioura et premier intervenant, Alassé Traoré, s’exprima au nom de toute la population de la commune rurale de Karéri en ces termes : « Nous demandons pardon à toutes les populations de la commune rurale de Nampalari, et cela au nom du Tout-Puissant Allah ». La demande de pardon fut aussitôt acceptée par le représentant du collectif des chefs de village de la commune rurale du Nampalari, Bocary Mahamoud Bah, chef de village de Nampala.
Les deux chefs coutumiers ont ensuite, main dans la main, rejoint le ministre de la Réconciliation pour lui serrer la main et l’assurer que la hache de guerre était définitivement enterrée. Zahabi Ould Sidi Mohamed venait ainsi de gagner son pari : celui de réussir la réconciliation des cœurs et des esprits des populations du Kouroumari, du Nampalari et de Karéri.
Tout le reste de la rencontre se déroula sans accrocs. Les intervenants qui se sont succédé au micro pendant deux jours ont salué le courage et l’honnêteté des responsables du Karéri. Leur acte de haute portée patriotique a non seulement permis de désamorcer les antagonismes, mais également de vite cadrer les débats qui se sont déroulés dans un climat constructif du début à la fin.
Unanimement, les intervenants ont condamné les évènements de Malimana dans la commune de Dioura et souhaité le retour dans un bref délai dans leurs localités respectives de toutes les familles déplacées suite à l’incident sanglant. Déjà, la commission locale de réconciliation mise en place dans le Karéri, a beaucoup œuvré dans ce sens. La même démarche sera tentée très prochainement dans le Nampalari pour un retour rapide des déplacés sur leur site d’origine et pour le retour définitif de la paix.
Au terme de la rencontre, les chefs de village, les maires et les représentants des deux communautés (éleveurs et agriculteurs) du Karéri, du Nampalari et du Kouroumari, ont apposé leur signature au bas d’une charte.
Pour accompagner l’événement, l’ONG Alfarouk a offert aux familles victimes des évènements, 10 tonnes de riz, la même quantité de mil et 1000 litres d’huile alimentaire.
C. O. DIALLO
AMAP-Niono
Source : L’ Essor
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