Prise en otage depuis près de 4 ans, une partie de la population de la ville Kidal a marché, lundi dernier, pour réclamer le retour des services sociaux dans la région. Une manifestation qui sonne comme un cinglant désaveu pour les groupes signataires de l’Accord, notamment la CMA qui traine les pieds dans la mise œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Est-ce la preuve d’un début de rupture entre les responsables des groupes armés et la population pour laquelle ils prétendent se battre ? En tout cas, pour les initiateurs de la marche, elle a été organisée pour dénoncer la non-application de l’Accord d’Alger et surtout pour réclamer le retour des services sociaux de base, à savoir la réouverture des écoles ; la fourniture d’eau et d’électricité.
Aussi, les manifestants ont-ils exprimé leur ras-le-bol face aux détournements des aides humanitaires dans la région par les maîtres des lieux au détriment des plus nécessiteux.
Ces revendications, sur fond d’une marche populaire de dénonciation et de protestation, prouve, si besoin en était, que c’est la grande majorité des habitants de cette ville qui réclame ouvertement le retour du Mali à Kidal.
Sans aucun doute, cette marche est un message fort lancé par les populations de Kidal, à l’attention des responsables des groupes armés, qui continuent de monter les enchères dans la mise en œuvre de l’Accord.
D’ailleurs, la 9e réunion du Comité de suivi de l’accord (CSA) qui devait s’ouvrir, lundi dernier à Bamako, a connu un énième report à cause des divergences apparues entre le gouvernement et les groupes armés signataires de l’accord de paix, principalement autour de la mise en place des autorités intérimaires, dont le texte a été récemment voté par les députés de l’Assemblée nationale.
Ainsi, depuis quelques jours, le gouvernement et les groupes armés signataires de l’Accord de paix se rejettent mutuellement la responsabilité du blocage. En effet, les mouvements armés reprochent au gouvernement « le manque de volonté à trouver des solutions consensuelles» à la mise en place des autorités intérimaires, prévue par l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Ce que récuse le gouvernement pour qui les groupes armés signataires font «une mauvaise interprétation « du texte.
En tout cas, la marche du lundi dernier est une forte interpellation pour les deux parties : à savoir : la population de Kidal n’aspire qu’à paix, à l’amélioration de ses conditions de vie, à travers l’accès aux services sociaux de base qui n’ont rien à voir avec les exigences des groupes armés.
Un an après la signature de l’accord pour la paix et réconciliation, sa mise en œuvre fait toujours objet de nombreux obstacles. En effet, au Nord, plusieurs localités sont désormais confrontées à la recrudescence de la violence. En moins de dix jours, trois attaques ont visé l’armée malienne et les Casques bleus de la MINUSMA, faisant plus quinze morts. Pour de nombreux observateurs, la recrudescence des attaques au Nord est la conséquence du « retard dans la mise en œuvre de l’accord ».
Par Abdoulaye OUATTARA
Source: info-matin
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