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Cybercriminalité : Un présumé escroc échappe à la prison après un faux coma de 10 jours

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Il n’y a pas plus sourd que celui qui refuse d’entendre. On pourrait aussi dire qu’il n’y a pas plus comateux que celui qui refuse d’ouvrir les yeux. Et ce n’est pas l’Inspecteur divisionnaire Papa Mambi Keïta alias « L’épervier du Mandé » de la Brigade d’Investigation Judiciaire (BIJ) qui saurait dire le contraire. Lui qui a procédé, avec ses hommes, à l’arrestation du sieur Mané Diakité, cet présumé escroc hors du commun qui s’est joué de notre système judiciaire.

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En mars, la compagnie minière B2Gold lançait un avis de recrutement de personnel. Les postulants devaient s’inscrire via le site de l’entreprise. En ces temps de vaches maigres, ils sont nombreux à s’inscrire afin de changer leur quotidien. Malheureusement, pour une partie de ces postulants, des escrocs se sont greffés au processus de recrutement.

Les faits de l’escroc

Ils repèrent les infortunés candidats sur la liste des postulants sur le site internet de B2Gold et sur le mur de leurs bureaux à Kéniéba. Ces escrocs, dont le sieur Mané Diakité, se serventdu numéro des candidats pour les contacter par SMS afin de leur faire miroiter des solutions miracles. C’est ainsi qu’en mars, l’une des dizaines de victimes de Mané Diakité, Issa Sangaré, reçoit le coup de fil d’un inconnu se faisant appelé Bréma Sidibé et qui résiderait à Kéniéba. Il confirme qu’Issa a été retenu par la B2Gold comme employé au sous-sol. Mais il prend soin de conseiller à Issa de contacter certaines personnes pour changer son poste car le sous-sol serait très dangereux. Le jeudi 17 mars, Issa reçoit un autre appel d’un inconnu se disant employé à la B2Gold qui lui propose de changer le poste du sous-sol contre celui d’aménagiste. Un premier SMS propose à Issa de verser 25 000 francs par transfert mobile à la «secrétaire du coordinateur » de B2Gold. Ce qu’Issa accepta car l’opportunité lui semblait trop belle en ces temps difficiles. A la suite de l’envoie des 25 000 F, Issa reçoit un SMS confirmant sa prise en compte sur la liste des retenus.Mais peu après, le malfrat envoie un message informant Issa de transférer 50 000 F supplémentaires car, les enchères auraient augmentées par la faute du «surveillant»de la B2Gold de Kéniéba. Issa s’exécuta. Malgré cela, l’escroc signale à sa victime un test pour les aménagistes et que ce serait une décision de dernière minute, venue de B2Gold-Bamako. Il propose à Issa un moyen de contourner le test écrit. Il doit transférer 150 000 F à la soi-disant secrétaire pour être partagés à plusieurs personnes. Voyant qu’il a déjà investi beaucoup d’argent et que le bout du tunnel semble proche, la victimeva voir quelques bonnes volontés afin de rassembler les 150 000 F. Puis il fait le transfert comme indiqué. Un message de confirmation de réception de ladite somme est destiné à Issa en lui intimant de se présenter le lundi matin pour juste remplir les formalités.

Dès 07 heures 38, le lundi 21 mars, jour annoncé pour le test, l’escroc envoie un SMS disant à Issa de ne pas se présenter au lieu du test avant le coup de fil des gens du bureau de B2Gold.C’est là que celui-ci commence à avoir des doutes. Il respecte toutefois la consigne.

Ayant réceptionné les 150 000 F, le malfrat affirme à Issa qu’il dispose désormais d’un contrat à durée déterminée (CDD) et qu’il pourrait encore muer en contrat à durée indéterminée (CDI) moyennant la somme de 250 000 F.Issa lui répond par la négative mais l’escroc lui propose de verser 200 000 F et que la procédure était déjà enclenchée. Ce qu’Issa dit ne pas pouvoir fournir.

C’est ainsi qu’à 14 heures 17, un ultime message annonce à Issa Sangaré : « Ton nom a été retiré de la liste des CDD en faveur de celle des CDI. Comme tu n’as pas versé les 200 000 F, tu n’es plus sur aucune des deux listes ».Et c’est le silence radio. Tous les numéros ayant servi à l’arnaque sont injoignables et les bandits sont dans la nature, libres de profiter de leur butin. En fait, c’est ce qu’ils croyaient.

Sauf qu’ils n’avaient pas intégré dans leurs données que c’est celui qui a l’un des tableaux les plus reluisants de l’investigation criminelle malienne qui a en charge pareille affaire : l’Inspecteur Principal Papa Mambi Keïta alias «L’épervier du Mandé».

Les prouesses de la BIJ

Après avoir subit cette escroquerie, une dizaine de personnes, en plus d’Issa Sangaré, se présentèrent au siège de la B2Gold pour signaler leur mésaventure. Les sommes extorquées vont de 100 000 F à plus de 250 000 F par individu. Se voyant impliquée malgré elle et pour défendre son image, l’entreprise décide de porter plaintecontre ‘’X’’ à la BIJ.

Là où beaucoup de nos enquêteurs allaient montrer l’impossibilité de retrouver les auteurs d’un tel forfait, vu le manque de preuves et de suspects directs, « L’épervier du Mandé », quant à lui, rassure les plaignants de faire toute la lumière sur cette affaire afin de débusquer les malfrats où qu’ils se cachent. Il en a d’ailleurs le droit quand on connait son taux de réussite depuis qu’il s’est donné pour mission de veiller à la sécurité de ses concitoyens. Il mobilise aussitôt ses hommes qui, il faut le noter, sont épris de la même fougue :combattante contre le crime. Ces fins limiers de la BIJ vont procéder à un examen minutieux des appels et messages reçus par les victimes. Par des méthodes que seuls les investigateurs les mieux aguerris connaissent, Papa Mambi et ses éléments retracent la géolocalisation des auteurs. Associé au flair du bon policier, qui est une chose innée et qui ne dépend d’aucune formation, l’Inspecteur principal dirige son équipe sur Kita le 27 avril dernier. Là-bas, ils enchainent les tactiques et techniques d’investigation qui les orientent vers le petit village de Dalala, près de la ville de Sébécoro. Sur les lieux, l’Epervier déploie ses ailes et survole la localité à travers des observations et des surveillances. Comme nous le savions, mais pas les malfrats, un homme du nom de Mané Diakité est interpellé et interrogé au commissariat de Kita qui a autorité sur la zone. Natif de Dalala, le sieur Mané Diakité, âgé de 33 ans, nie en bloc les accusations portées contre lui en jurant avoir patte blanche. C’était sans compter sur l’expérience de l’Epervier qui ordonne une fouille minutieuse du suspect. Un téléphone portable à double cartes SIM est découvert, niché dans ses sous-vêtements. Se voyant ainsi face aux preuves contre lesquelles il ne pouvait rien trouver à redire, le suspect sort ce que nulle personne ne s’attendait à voir. Pas même Papa Mambi qui en a pourtant vu des criminels depuis 24 ans qu’il est à la tâche. Contre toute attente donc, le suspect se laisse tomber et simule les signes d’un état comateux pour éviter de répondre de ses actes.

Le faux coma qui a valu la libération de Mané Diakité

Suite à son écroulement, Mané est transporté à l’hôpital de Kita où après deux heures d’examen médicaux, il est déclaré en très bonne santé.

Transporté à Bamako, le sieur Mané qui refusa d’ouvrir les yeux tout le temps que dure le trajet, arrive à la BIJ dans le même faux état comateux. L’apercevant dans les bras de l’équipe de Papa Mambi, le commandant de la BIJ refuse d’autoriser sa garde-à-vue et demande de l’amener faire des examens de santé,au préalable, à l’infirmerie de l’Ecole de Police. Là encore, l’infirmier de garde confirme qu’aucun de ses signes vitaux n’était à l’orange à plus forte raison au rouge. Mais Mané qui, tel un acteur jouant le plus beau rôle de sa vie pour remporter un ‘’Oscar’’, persiste à ne pas vouloir décoller ses paupières et à afficher un corps faible et sans résistance. Pour finir avec tout doute, les agents de B2Gold décidèrent de son envoi dans une grande clinique de Bamako pour plus d’examens. Il sera examiné par différentsspécialistes qui vont déboucher sur les mêmes conclusions que celles de Kita et de l’Ecole de police : le suspect n’a rien et ne fait que simuler un coma. Pour confirmer leurs conclusions et démontrer qu’ils n’ont pas obtenu leur diplôme par procuration, les médecins procèdent  à une pose de sonde urinaire, une intervention aussi douloureuse que désagréable. Comble de l’histoire, l’homme qui ne montrait aucun signe vital encourageant, se met à crier à vouloir rompre ses cordes vocales en ordonnant: «Il faut me l’enlever vite !».

Mais tout juste après l’extraction de la sonde, le super comédien retrouve les planches de son théâtre : il retombe dans son faux coma. Et cette attitude de Mané Diakité va durer 10 jours. Et toutes les factures des soins inutiles et de l’hospitalisation grimpent à plus de 500 000 F aux frais de la B2Gold, sans compter les frais de mission. Convaincue de la ténacité de Mané Diakité, le meilleur comédien du Mali, la B2Gold décide de se retirer et de laisser l’énergumène aux seuls soins de l’Epervier, dont le commandant ne voulait toujours pas se risquer à voir le suspect dans ses geôles. Il lui fallait donc trouver une solution, et très vite.

Encore une fois, l’expérience qui est l’allié sûr de tout travail, va lui venir en aide. L’investigateur principal Papa Mambi Keïta s’approche de l’oiseau comateux pour lui souffler à l’oreille de transmettre le numéro d’un de ses parents pour son accueil. Le « mourant » réussi sans difficulté à dicter celui de son oncle à Fadjiguila. Ce dernier qui a accepté de le recevoir sur plaidoyer de Papa Mambi, dit de son neveu qu’il n’est plus membre de leur famille car il serait maudit.C’est en chemin, quand il s’est rendu compte qu’ils allaient à Fadjiguila, que Mané s’est « réveillé » de son coma pour s’asseoir dans le véhicule. A leur départ de Fadjiguila après les discussions avec la famille, il retrouve un Mané assis tranquillement devant la cour et qui leur dit au revoir. Pire, il se lève même pour dire au chauffeur que le chemin qu’il prend n’est pas le bon. Frustrés de voir la première affaire de sa carrière stoppée nette par un farceur, l’Epervier et ses hommes le laissent jouir du fruit. Ils souhaiteraient une décision favorable à la poursuite de l’affaire car le criminel se la coule douce en ce moment avec les fruits de ses méfaits. A défaut,ils patientent en attendant de le reprendre. Car le chien n’oublie jamais sa déhontée manière de s’asseoir.

Abdoulaye Konaté

 

Source: Le Prétoire

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