Awa (Jeanne Diama), Fifi (Djiéniéba Hadja Diop) et Dily (Koumba Dembélé) sont trois amies d’enfance, mais de milieu social différent. Trois jeunes filles animées d’une farouche volonté de s’émanciper, de s’affranchir des préjugés socio-culturels, voire économiques. Trois héroïnes qui se battent pour êtres indépendantes et qui rêvent aussi de porter le changement.
À l’image d’Awa, une vraie rebelle, qui cultive l’excellence dans ses relations d’affaires et refuse les pots-de-vin contre l’attribution des marchés, ces trois personnages de «Bamako, la ville aux trois caïmans» symbolisent, pour la réalisatrice Aïda Mady Diallo, le «Malien nouveau». Mais, cette volonté de s’émanciper et d’impulser le changement de comportement indispensable à cette nouvelle citoyenneté est entravée par les histoires de leurs familles (Konipo, Diarra et Guindo) auxquelles elles sont très liées. Des familles souvent prises dans l’engrenage des fléaux, comme la polygamie, l’homosexualité, le divorce…
Fidèle reflet d’une société qui évolue, la série «Bamako, la ville aux trois caïmans» (29 épisodes de 26 minutes) s’est vite imposée sur TV5 (la chaîne de la Francophonie) sur laquelle elle a été diffusée entre le 14 février et fin mars 2016. L’œuvre avait été officiellement présentée au public malien le 18 février 2016 par la société Afribone-Mali Sa. C’était au Ciné-Magic (ex-Babemba) en présence des invités de marque, du PDG Eric Stevance, de la réalisatrice de la série (Aïda Mady Diallo) et des comédiens de ladite série.
Produite par Afribone-Mali Sa, en partenariat avec TV5 Monde-Afrique, «Bamako, la ville aux trois Caïmans» aborde des sujets de société sans tabou et souvent avec une incroyable audace. Il y est question de famille, de polygamie et de ses travers, de travail, d’amour et de trahison, d’homosexualité…De quoi intéresser les téléspectateurs d’horizons différents qui peuvent ainsi se familiariser avec les us et les coutumes spécifiques du Mali, partager la joie de vivre et les contrariétés d’une jeunesse en quête de liberté pour marquer de ses empreintes le développement de son pays.
En plus de ces jeunes talents qu’elle propulse à la lumière du 7ème art, cette série a aussi un casting prestigieux avec le summum de la comédie malienne. Y jouent Oumou Berthé (Nafi), Diarrah Sanogo (Naïma), Fanta Berthé (Henriette), Michel Sangaré (Drissa), Boubacar Belco Diallo… Excusez du peu ! Pour Eric Stevance, PDG d’Afribone, la concrétisation de ce projet a été un gros challenge pour sa société. Fournisseur d’accès Internet au Mali, cette entreprise, créée en 1998, met aussi ses expériences dans de multiples domaines comme l’ingénierie réseau… La société est aussi connue pour son portail d’informations relayant des publications de la place depuis sa création et aussi pour ses offres de visioconférence et d’informatique événementielle. Mais, depuis 2010, Afribone «a élargi la gamme de ses services en y ajoutant la production audiovisuelle», a expliqué M. Stevance lors de la rencontre avec le public le 18 février dernier.
Cela a commencé avec la mini-série «Karim et Doussou» (107 épisodes répartis en deux saisons), incarnés par Maïmouna Samaké et N’Tji Traoré, et s’est poursuivi avec «Bamako, la ville aux trois Caïmans», dont la saison 2 est très attendue par les téléspectateurs. La réalisatrice Aïda Mady Diallo n’est pas une inconnue dans le microcosme culturel malien puisqu’elle a déjà fait son trou dans la littérature avec un roman bien accueilli par les critiques, «Kouty, Mémoire de sang» (Collection Série Noire, Gallimard, 2002).
«Gao, Mali, 6 mars 1984 ! Le village est attaqué par une bande de pillards touaregs. La famille de Kouty, une fillette de dix ans est massacrée sous ses yeux par quatre hommes : le corps chétif de son petit frère est fracassé contre un mur, son père est égorgé pendant qu’il assiste au viol de sa femme, la mère de Kouty se suicide peu après en s’immolant par le feu…» ! Telle est la trame de cette œuvre saluée par les critiques. Kouty, est donc le récit de la longue vengeance d’une fillette. C’est aussi une partie de l’histoire de l’Afrique, ce peuple noir qui a longtemps vécu dans la crainte d’être capturé et vendu comme esclave par les seigneurs du désert.
«Kouty, Mémoire de sang», c’est surtout pour les critiques «le premier roman noir écrit par une jeune femme africaine». Responsable du service Production audiovisuelle d’Afribone-Mali Sa, Aïda a ajouté à son arc l’écriture de scenarii et la réalisation de séries… Sans tomber dans un quelconque militantisme, cette brillante intellectuelle engagée en sa manière ne veut pas s’arrête en si bon chemin. Elle rêve de réaliser un jour un long métrage. Sans porter atteinte à sa légendaire humilité, nous pouvons assurer que cela ne saurait tarder, car la charmante et joviale Aïda Mady Diallo ne manque ni de volonté, ni de…talent pour concrétiser ses ambitions !
Moussa BOLLY
Source : Le Reporter
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