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El Hadj Ag Gamou, un militaire sur tous les fronts

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à Tidermène, dans le cercle de Ménaka. C’est un Touareg Imghad, une tribu vassale, selon l’organisation traditionnelle de la société touarègue. En 1980, à l’âge de 16 ans, il rejoint l’armée libyenne au sein de la Légion verte et y rencontre notamment Iyad Ag Ghali. Après une année d’entraînement en Libye, puis six mois en Syrie auprès des forces spéciales, il est engagé dans la guerre du Liban aux côtés des Palestiniens. Après plusieurs années de guerre, il regagne un temps la Libye, puis il prend part au conflit tchado-libyen.

colonel el hadji ag gamou gao kidal tombouctou

La rébellion de 1990-1996

Gamou regagne le Mali en 1988. Lors de la rébellion touarègue de 1990-1996, il rejoint les rebelles et combat au sein de l’Armée révolutionnaire de libération de l’Azawad (ARLA). En 1994, il se brouille avec Iyad Ag Ghali, chef du MPA. La première femme d’El Hadj Ag Gamou s’était par la suite remariée avec Iyad Ag Ghali, mais la cause de cette dispute trouverait plutôt son origine dans des rivalités et des ambitions personnelles. En février, Gamou kidnappe Intallah Ag Attaher, l’Amenokal des Ifoghas, la tribu d’Iyad Ag Ghali. L’Amenokal est ensuite relâché, mais cette action n’est pas pardonnée par les Ifoghas.

L’armée malienne

Satisfait de l’accord de paix de 1996, El Hadj Ag Gamou rejoint la même année les Forces armées maliennes. Formé à l’Ecole militaire de Koulikoro, il est affecté à sa sortie à la région de Ségou en tant qu’officier d’état-major. En 1999, lors de la guerre civile sierra-léonaise, il prend part en tant que Casque bleu à la Mission des Nations-Unies en Sierra Leone. De retour au Mali en 2000, il est décoré de la Médaille de la valeur militaire et est promu au grade de lieutenant-colonel. En 2001, il est affecté à Gao, puis il prend le commandement de Kidal en 2005.

La rébellion de 2007-2009

De 2007 à 2009, dans la région de Kidal, Gamou affronte la rébellion touarègue de l’ATNM menée par Ibrahim Ag Bahanga. Il mène l’opération Djiguitougou et détruit les bases des rebelles. Homme de confiance du président Amadou Toumani Touré, il est nommé en 2010 chef d’état-major particulier adjoint. Il encourage le président à nommer des Arabes et des Touaregs à des postes clés dans le Nord.

 Bataille d’Aguelhok, celle de Tessalit, combat de Tinsalane et bataille de Kidal

En 2011, lors de la guerre civile libyenne, 2 000 à 4 000 soldats touaregs ayant quitté l’armée de Kadhafi regagnent le Mali. Le président Amadou Toumani Touré charge alors le colonel El Hadj Ag Gamou de rallier ces hommes à l’armée malienne afin d’éviter qu’ils ne rejoignent les groupes rebelles. La mission réussit partiellement, de nombreux «Libyens» rallient l’Etat malien, mais d’autres contribuent à la formation du Mnla. El Hadj Ag Gamou est colonel-major au Nord du Mali lorsque débute la rébellion de 2012. Il commande alors la garnison de Kidal. Le 18 janvier, Aguelhok est attaquée, elle tombe aux mains des rebelles le 24 janvier et sa garnison est massacrée. Le lendemain, les renforts venus de Kidal et commandés par Gamou reprennent la ville, que les rebelles abandonnent sans combattre. Début février, Gamou tente de briser le siège de Tessalit et, le 11 février, venu de Kidal, il affronte les rebelles lors du combat de Tinsalane. Les deux camps revendiquent la victoire.

Mais, un mois plus tard, Tessalit tombe aux mains des insurgés. Fin mars 2012, il commande les Forces maliennes à Kidal, fortes de 500 à 600 hommes, lorsque la ville est attaquée le 26 mars par Ançar Dine et le Mnla. Le 29 mars, El Hadj Ag Gamou abandonne la ville et se replie avec ses forces vers le Sud. Le 31 mars, alors que le même jour, Gao était envahie par les rebelles, les forces de Gamou sont encerclées par les combattants du Mnla. Gamou fait alors savoir qu’il accepte la proposition du Mnla de rejoindre ses rangs. Il s’agit cependant d’une ruse, car Gamou refuse que les 204 soldats de sa troupe, originaires du Sud du Mali, soient livrés comme prisonniers de guerre.

Puis, il se porte avec ses hommes vers le Niger. Arrivé à 100 kilomètres de la frontière, il appelle le Consul du Mali au Niger par téléphone satellitaire pour lui demander de préparer l’arrivée de ses hommes originaires du Sud afin qu’ils puissent être rapatriés vers Bamako, via le Burkina Faso. Par la suite, Gamou se replie lui-même au Niger avec sa famille et sa milice touarègue. Il fait alors savoir au gouvernement malien que son allégeance au Mnla déclarée sur RFI était une manœuvre ayant pour but de s’enfuir et qu’il est prêt à reprendre le combat.

Le 2 décembre 2012, à Niamey, El Hadj Ag Gamou est la cible d’une tentative d’assassinat par un jeune jihadiste. L’homme tire trois ou quatre balles, deux blessent à la cuisse le garde du corps du colonel, l’autre ricoche sur son téléphone portable. L’assaillant, qui se réclame d’Aqmi, est cependant maîtrisé par Gamou, son garde du corps et son chauffeur.

Contre-offensive de 2013

Gamou reste 10 mois au Niger. Et en janvier 2013, l’armée française lance l’Opération Serval au Mali. Il prend alors part à la reconquête du Nord du Mali à la tête de sa milice forte de 700 hommes, dont 500 Touaregs Imghad, progressivement intégrée dans l’armée régulière. Le 15 janvier 2013, il prend Ménaka sans combattre avec une colonne de 77 pick-up et huit blindés BRDM. Vers fin janvier ou début février, il arrive à Gao, prise quelques jours plus tôt par les Français. Le 12 février, les forces maliennes du colonel Ag Gamou et les troupes françaises reprennent le contrôle de la ville de Ménaka, sans livrer de combat contre le Mnla qui abandonne la ville, après y être entré le 5 février. Quatre rebelles sont cependant arrêtés le 9 février.

Le Mnla accuse la France d’avoir tendu un guet-apens à Abdoul Karim Ag Matafa, ministre de la Santé du Conseil transitoire de l’État de l’Azawad, et trois autres combattants rebelles et menace d’user de représailles, avant de se rétracter quelques heures plus tard. Le 21 février, Gamou est engagé directement avec sa milice contre les jihadistes du Mujao lors de la quatrième bataille de Gao. Fin février, il détache 19 hommes de sa milice qui servent de guides aux soldats français dans l’Adrar des Ifoghas, lors de la bataille de Tigharghar.

En mars, il est un temps rappelé à Bamako

Le 5 juin, avec le colonel-major Didier Dacko, il s’empare d’Anéfif, défendue par le Mnla. Le 2 septembre 2013, El Hadj Ag Gamou est élevé à la dignité d’Officier de l’Ordre national du Mali. Le 18 septembre, il est promu au grade de général de brigade. Dans la nuit du 18 au 19 novembre dans le village d’Intakabar, à Djébock, deux membres de sa famille sont assassinés : un vieillard de 70 ans et une petite fille de 3 ans. Une femme d’environ 70 ans et une petite fille d’une dizaine d’années sont également blessées. Alors présent à Bamako, El Hadj Ag Gamou affirme que les meurtriers sont des Peulhs du Mujao.

Les 17 et 21 mai 2014, il commande les forces maliennes lors des deuxième et troisième batailles de Kidal. Il est cependant battu et les groupes armés rebelles reprennent le contrôle de la ville de Kidal. Le 21 mai, Gamou perd son principal lieutenant, le colonel Fayçal Ag Kiba, qui est tué lors des combats. En août 2014, Gamou fonde une nouvelle milice loyaliste pour s’opposer aux rebelles, le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia). Après des affrontements sanglants, qui ont tourné en sa faveur, le Gatia et la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) concluent la paix le 16 octobre 2015 lors des «Pactes d’honneur». Les 1er et 2 février 2016, plusieurs centaines d’hommes du Gatia, menés par El Hadj Ag Gamou, entrent à Kidal avec le consentement de la Cma.

Sidi Ag BAKA

Source : Le Reporter

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