Le Bureau national catholique pour l’enfance (BNCE) estime que le phénomène de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales prend de l’ampleur dans notre pays et que les professionnels des médias doivent être impliqués dans les initiatives destinées à sa prévention.
En partenariat avec ECPAT Luxembourg, le BNCE a donc organisé les 16 et 17 mai à Mopti, un atelier sur « le rôle et les responsabilités des médias dans la protection des enfants victimes d’exploitation sexuelle à des fins commerciales ». La session a eu pour cadre les locaux du village artisanal de la « Venise malienne ».
La cérémonie d’ouverture de cet atelier était présidée par le chargé de programme du BNCE-Mali, Moussa Bagayoko, en présence du représentant de l’URTEL, Yaran Mounkoro, du coordinateur régional du BNCE à Mopti, Pierre B. Traoré.
Cette session de renforcement des capacités des hommes des médias s’inscrivait dans le cadre de la mise en œuvre du projet ECPAT Luxembourg « Rompre le silence autour de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales au Mali ». Il s’agissait d’informer et sensibiliser les communicateurs sur les formes et les effets de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales (ESEC), sur les textes juridiques nationaux et internationaux ratifiés en la matière, de les outiller afin qu’ils soient en mesure d’éclairer le public sur le problème et d’amener un changement de comportement.
L’atelier de deux jours a regroupé des participants venus des différentes radios de la commune urbaine de Mopti et d’organes de presse écrite. Les échanges ont porté sur des thèmes comme le profilage, les causes et les conséquences de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales ; le dispositif juridique et judiciaire ; les médias et l’ESEC ; le document de l’étude quantitative et qualitative de l’ESEC.
Moussa Bagayoko a rappelé l’installation de ECPAT Luxembourg au Mali en 2001 et du Bureau de coordination avec un premier projet baptisé « Appui aux enfants particulièrement vulnérables aux risques d’ESEC » couvrant la période 2007-2010, suivi du projet « Rompre le silence autour des enfants vulnérables et victimes d’ESEC au Mali » étalé sur la séquence 2011-2014.
Ce projet a réalisé en 2014 une étude quantitative et qualitative sur l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales dans 4 régions – Kayes, Sikasso, Ségou, Mopti – et le District de Bamako. Selon les résultats de cette étude, sur un échantillon de 1472 enfants sélectionnés, 28,2% sont identifiés comme victimes d’une des trois formes d’ESEC que sont la traite des enfants à des fins sexuelles, le tourisme sexuel impliquant les enfants et la prostitution.
La prostitution, la plus fréquente des formes, concerne 11,7 % des enfants ; le tourisme sexuel impliquant les enfants concerne 9,3% des enfants et la traite des enfants à des fins sexuelles est celle qui touche un peu moins d’enfants avec 7,2% des audités.
Ces résultats mettent en exergue l’ampleur du phénomène qui s’inscrit comme une problématique sociétale dont le sujet considéré comme tabou contribue à passer sous silence les enfants victimes.
Pour le chargé de programme BNCE-Mali, la lutte contre le fléau requiert une forte implication de l’ensemble des acteurs (parents, autorités, partenaires) et des médias en particulier.
A l’issue des travaux, les participants ont suggéré au BNCE-Mali et à ECPAT Luxembourg d’initier d’autres formations, d’apporter un appui financier à la presse, d’organiser de caravanes médiatiques et un concours de production.
D. COULIBALY
AMAP-Mopti
Source : L’ Essor
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