Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le président du parti Alliance pour la République (Apr) Oumar Ibrahim Touré, par ailleurs ministre Commissaire à la sécurité alimentaire, nous évoque le bilan de sa formation sur l’échiquier politique, les perspectives et la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.
Aujourd’hui : Votre parti a fêté récemment ses trois ans. Pouvez-vous nous faire de façon succincte le bilan de ces trois ans sur l’échiquier politique malien ?
Oumar Ibrahim Touré : L’Apr a fêté ses trois le 24 mai dernier. Mais ce que je peux vous dire comme premier bilan, c’est d’abord l’implantation du parti. Le parti est très bien implanté sur l’ensemble du territoire national et nos dernières activités nous ont permis de prouver cela. C’est un parti qui reçoit des adhésions massives. Toute chose qui nous permet de compter aujourd’hui dans nos rangs 300 conseillers municipaux et nous avons 18 maires. Nous n’étions pas là pendant ces élections, c’est juste vous dire que nous avons eu beaucoup d’adhésions en termes d’élus et d’autres militants et sympathisants. Nous sommes aussi à l’Assemblée nationale, à travers un député élu à Mopti.
Au delà de tous ces aspects, nous sommes un parti dont les cadres sont présents dans la haute administration et dans le gouvernement car notre premier vice-président, le ministre de l’Aménagement du territoire et de la population, même s’il a été proposé dans le gouvernement par la Plateforme, reste avant tout un militant de l’Apr. Et moi-même, je suis Commissaire à la sécurité alimentaire avec rang de ministre. Au plan politique, nous sommes membres de différents regroupements dont la Coalition de la majorité présidentielle (Cmp), nous sommes aussi membres de l’Apm qui est un regroupement de 10 partis politiques avec 23 députés à l’Assemblée nationale. Ce regroupement est la deuxième force politique à l’Hémicycle. Depuis la création de ce regroupement, la présidence est assurée par l’Apr. Je crois que c’est une marque de confiance en notre parti. Et tous ces faits sont des choses qui sont politiquement importantes pour un jeune parti comme nous. Cependant, au-delà de l’intérieur du pays le parti est très bien implanté à l’extérieur, en l’occurrence en Afrique de l’ouest, en Afrique centrale, en Europe notamment en France et en Amérique aux USA.
Quelles sont les ambitions de l’Apr pour les élections communales à venir en termes de conseillers communaux ?
Aujourd’hui, au regard de l’implantation du parti, des adhésions massives, nous nous sommes fixé pour ambition d’avoir 2 000 conseillers pour les élections communales.
Ne pensez-vous pas que ce soit trop élevé pour un jeune parti comme le vôtre ?
Pas du tout. Aujourd’hui, nous avons des structures qui sont bien installées. Nous avons des hommes et des femmes qui animent le parti. Nous pensons qu’avec la conjugaison de tous ces efforts, ce n’est pas au dessus de nous. C’est un objectif politique et nous allons travailler pour cela. Et c’est à notre portée.
Monsieur le Président, l’application de l’Accord d’Alger un an après sa signature n’est pas toujours effective. Les attaques des groupes terroristes se multiplient contre nos forces de sécurité et les forces étrangères. Comment analysez-vous la situation au niveau de votre formation politique ?
Quoi qu’on dise, nous pensons d’abord que cet Accord est un outil indispensable pour la réconciliation nationale et la paix. Un accord n’est jamais parfait et un accord ça s’améliore. Cependant à l’Apr, nous pouvons dire que l’Accord qui a été signé nous permet d’avancer. Il faut reconnaitre que le président de la République et le gouvernement ont fourni beaucoup d’efforts.
Et les difficultés que vous venez d’évoquer ne sont pas insurmontables. Je crois que depuis 48 heures ou 72 heures, la situation est en train de s’améliorer, surtout avec les accords sur la mise en place des autorités intérimaires. Je crois que ce sont des pas importants qui peuvent ramener la confiance. Nous pensons aujourd’hui que ce qui est fait comme effort est à encourager. En plus de cela, je vous révèle qu’à l’Apr, nous avons organisé au niveau de notre parti des ateliers pour que nos militants puissent se familiariser avec le contenu du document. Juste vous dire que nous sommes dans cette dynamique de l’Accord.
Monsieur le Président, vous êtes aussi ministre Commissaire à la sécurité alimentaire. A ce titre, vous avez procédé au lancement de l’opération de distribution gratuite de céréales. Peut-on savoir les zones concernées par cette opération et comment l’aide sera-t-elle distribuée ?
Bon, ça c’est différent du cadre politique (rire). Oui, c’est vrai, en ma qualité de ministre Commissaire à la sécurité alimentaire, nous avons procédé au lancement de la distribution gratuite de céréales sur l’ensemble du territoire national. Je vais vous dire, même si le Commissariat joue un rôle de coordination, nous avons des outils à notre niveau qui nous permettent de prendre des décisions. Dans le cadre de ces outils, nous avons le Système d’alerte précoce (SAP) qui chaque année examine la situation alimentaire et nutritionnelle du pays de façon minutieuse. Et des rapports sont fournis. C’est sur la base de ces rapports que les populations maliennes sont classées. Nous avons 5 phases.
Des phases avec des difficultés économiques légères ou sévères, financières, des phases où il n’y a rien à signaler, des phases avec des difficultés alimentaires…. Dans le cadre de notre pays, malgré la bonne campagne agricole, le Système d’alerte précoce (SAP) nous a indiqué qu’il y a 425 000 Maliens qui pourraient connaître des difficultés alimentaires pendant la période de soudure. Ce sont ces 425 000 Maliens qui seront concernés par ces distributions alimentaires gratuites pendant la période de soudure qui va du mois de juin à début août.
Maintenant, après l’identification, nous avons des Ong partenaires pour la distribution. Il s’agit des Ong qui vont aller sur le terrain pour faire le ciblage. Par exemple, quand on vous donne une commune dans laquelle 15% de la population est vulnérable, c’est l’Ong chargée de la distribution qui doit identifier ces 15%. C’est un travail qui se fait avec tout un ensemble, les chefs de village, les leaders communautaires, les autorités administratives et politiques. Il faut préciser que ce ne sont pas des distributions généralisées car le Mali ne connait cette année ni crise alimentaire ni famine. Ce sont des difficultés alimentaires. Au-delà des Ong, nous avons des commissions de distribution qui vont être là, dont les autorités administratives. Nous avons aussi dans le cadre de cette distribution des partenaires comme le Programme alimentaire mondial et le Système d’alerte précoce. Toute chose qui nous permet de dire que l’opération va bien se dérouler grâce au dispositif qui a été mis sur place.
Réalisée par Kassoum THERA
Source : Aujourd’hui-Mali
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