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Arène Politique : Le Che et Soumi : Les raisons d’une haine

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Egal à lui-même et comme toujours, Oumar Mariko, à chaque fois que l’occasion lui est donné, ne prive jamais les auditeurs de formules choc, de vérités crues, de ses ressentis et de son avenir politique, pour couronner le tout. C’était le cas le 26 mai dernier sur Kledu, dans le Débat politique de Kassim Traoré.

honorable depute oumar mariko sadi

Soutien prévisible et inconditionnel à Me Bathily

Mohamed Ali Bathily est sûrement le ministre le plus médiatisé ces temps-ci en raison de sa politique foncière qui suscite beaucoup de commentaires, dont des critiques acerbes parfois. Quoi qu’il en soit, il a le soutien du Dr Oumar Mariko et de son parti SADI. Mais le président du parti SADI n’est certainement pas convaincu de l’accompagnement nécessaire du Chef de l’Etat. « Il faut que le Chef de l’Etat s’assume, soutienne Bathily, qu’il donne des instructions au ministre de la justice afin qu’elle s’assume devant les juges d’instructions » a martelé OumarMariko. Qui est visiblement convaincu du sabotage des juges : « Ce que le juge aime le plus, ce sont les litiges fonciers » dit-il. A ceux qui pensent que Bathily fait révolter le peuple, Oumar Mariko répond que « ce sont les faits qui font révolter et non Bathily ». Auquel il est reproché, par ailleurs, d’avoir une double casquette (il est président aussi d’une association) et donc de profiter des moyens de l’Etat à des fins personnelles. Sans démentir l’allégation, Oumar Mariko trouve simplement que « tous les partis de la majorité qui sont représentés dans le gouvernement battent campagne avec les moyens de l’Etat ». C’est donc un soutien sans faille que le Docteur apporte au ministre Bathily de plus en plus contesté.

Soutien aussi à des localités Sarakollé de Kayes

«Satan et le Terroriste»

Le président du parti SADI s’était rendu dernièrement dans certaines localités Sarakolé de la région de Kayes (Bafoulabé, Yélimané,etc) pour apporter son soutien à des communautés en difficultés, notamment avec l’administration. Ce geste a été beaucoup apprécié par la communauté. Et Oumar Mariko de profiter de l’occasion pour déterrer la hache de guerre contre son éternel adversaire (ou ennemi), le député Gassama de Yélimané qui serait impliqué dans le problème de fisc ayant secoué le cercle ces dernières semaines : « C’est vous qui l’avez élu une, deux, trois, quatre fois. Et ce, malgré qu’il tient des propos inconcevables du genre ‘’ma mère est plus importante que toutes les autres mères’’…» constate Oumar Mariko. Qui dénomme, par ailleurs, ‘’la terreur’’ que Gassama fait subir aux populations de Yélimané. En tout cas, Mariko n’a pas pris de gants pour cogner celui qui le qualifie de ‘’Satan’’. Le ‘’terroriste’’ appréciera donc les propos de ‘’Satan’’. Une autre belle empoignade en perspective.

Retour en arrière : « Vous auriez exigé le poste de Premier ministre ? »

C’est ‘’l’époque Sanogo’’ et le journaliste a voulu savoir si oui ou non Oumar Mariko avait exigé d’être Chef du gouvernement des putschistes ? « Comment voulez-vous que je coure après le poste de Premier ministre, moi qui cherche plutôt à être président de la République ? a répondu Oumar Mariko. Sans nous convaincre véritablement. En effet, on se souvient qu’au lendemain du putsch, interrogé par une radio internationale sur sa disponibilité ‘’à être Premier ministre, le Dr Mariko s’était dit « disposé ». Nous concédons toutefois qu’entre ‘’exiger’’ et ‘’être disposé’’, il y a sürement une nuance importante.

            SADI – FARE : Qu’en est-il au juste ?     

Les partis SADI et FARE de l’ex Premier ministre, Modibo Sidibé, se sont bel et bien rencontrés ces derniers temps à un niveau supérieur. Simple visite de courtoisie ? Avec des arrière-pensées ? Autant de questions qu’on peut se poser quand on sait tout ce qui peut opposer les deux camps. Modibo Sidibé a été le Premier ministre de celui dont le parti SADI a salué le départ. Le FARE était dans le FDR pendant que SADI jouait le rôle du leader du côté de MP 22. Le FARE est aujourd’hui dans l’opposition pendant que SADI dit être de la majorité, une position que la majorité a sûrement du mal à comprendre tant le Dr n’a jamais mâché ses mots à l’endroit du régime. « On s’est écoutés, on va s’expliquer plus tard sur les aspects idéologiques. Nous sommes tous de l’International Socialiste…» dit en substance Oumar Mariko pour commenter le contact que les deux partis ont établi. La politique, n’est-ce pas l’art du possible ?

Sadi – RPM : rien que de la lassitude

Le parti SADI a eu le même type de contacts avec le parti au pouvoir, le RPM. Des échanges ont eu lieu avec Boulkassoum Haïdara, Bocari Tréta sur « l’avenir du pays, mais rien, on est fatigués. Eux n s’occupent que des questions de postes» dénonce l’atypique chef d’un parti se disant de la majorité. Mais pour Oumar Mariko, c’est le Mali qui compte…pas un camp. Bravo, si c’est vraiment sincère.

Mariko – Soumi : Qu’y a-t-il au fond pour motiver une telle haine ?

Que ce soit Oumar Mariko,  le président du parti, Dr Allaye Boccoum, ou un autre responsable, toute occasion est bonne pour ‘’descendre mal mal’’ sur Soumaïla Cissé, le président de l’URD et chef de file de l’opposition. Mariko n’a pas dérogé à la règle lors de son dernier passage sur Klédu. D’abord sur un plan global, puisqu’il a accusé les marcheurs de l’opposition (21 mai dernier) de n’avoir soulevé que les questions qui les intéressent, et non celles qui importent au peuple, comme la justice, ou mieux le défaut de justice dans notre pays. On peut comprendre cette réaction de Mariko comme faisant partie du jeu politique et démocratique. En revanche, difficile de la partager au fond, car, grosso modo, les questions soulevées englobent tous les maux de la société. Les seuls ‘’problèmes de gouvernance, de corruption’’ englobent tout.

« Affaire de générateur d’Allemagne »

Beaucoup de citoyens reprochent au Dr Mariko de passer plus de temps à critiquer, donnant finalement l’impression de ce que d’aucuns appellent prosaïquement ‘’un aigri social’’ ou dans le contexte politique, « un aigri politique ». C’est ainsi qu’un auditeur apparemment furieux a invité Mariko « à parler politique et d’arrêter ses critiques, dirigées en particulier contre Soumaïla Cissé qui ne le critique jamais ». A moins d’être un ‘’anti-Soumi’’, il faut reconnaître qu’il y a du vrai dans ces reproches de cet auditeur. Mais Mariko a aussi ses raisons : « On me critique, insulte tous les jours, notamment dans les médias. On m’a accusé de meurtre…» s’est-il défendu. Avec brio aussi, car ce qu’il dit n’est pas non plus sans fondement.

Venons-en à présent à la critique qui avait suscité cette empoignade verbale entre le politique et l’auditeur. Grosso modo, Mariko trouve que Soumi est mal placé pour dénoncer une crise d’électricité, comme il l’a fait avec ses partenaires le 21 mai dernier, à la faveur de la marche organisée par l’opposition ce jour. Selon Oumar Mariko, au moment où Soumaila Cissé était aux finances, la République Fédérale d’Allemagne (RFA) avait voulu offrir gracieusement à notre pays un générateur d’une très grande puissance. Le professeur Yoro Diakité était à l’époque ministre de l’Energie. Le Mali n’a plus eu ce groupe électrogène. Qui a, toujours selon lui, pris la direction de l’Inde qui en a bénéficié gratuitement. Tandis que le Mali achetait un autre. Comment et pourquoi le Mali, à qui la proposition avait été faite en premier lieu, n’a-t-il pu bénéficier de ce groupe électrogène ? Dr Mariko réserve sa réponse après qu’on aura posé la question au présumé responsable, Soumaïla Cissé. Drôle de démarche à plus d’un titre de la part du politique le plus allergique à Soumaïla Cissé. En effet, Soumaïla Cissé n’était pas à l’Energie, dirigée alors par le Pr Yoro Diakité. Ensuite et surtout, c’est lui Mariko qui a révélé l’affaire. Il lui revient donc (ne serait-ce que par respect pour les auditeurs qu’il a mis en appétit et qui n’ont pas forcément l’occasion d’approcher Soumi pour lui poser la question) et d’éclaircir la lanterne des auditeurs et des citoyens. En donnant la réponse à la question qu’il a lui-même posée, il aurait facilité également la tâche au journaliste qui n’aurait plus qu’à confronter ses allégations aux explications de Soumi.

Mariko révèle enfin les raisons de sa haine pour Soumi

« Il n’y a rien entre moi et Soumaila Cissé. A part le Mali » dixit Oumar Mariko. Mais il nous semble que l’hostilité sans pareil que Mariko voue à Soumi est liée à cette histoire de générateur. « A l’époque, mon père était malade » a lâché Oumar Mariko, laissant comprendre que son père malade a souffert des délestages d’alors .Et que les raisons de sa haine sont plus personnelles que politiques. Une sorte de « vendetta » à la Sicilienne où la famille compte plus que tout ?

Institut Universitaire de Gestion, Questions d’Actualité ne suffit pas

La crise qui perdure à l’I.U.G. préoccupe le Dr Mariko au plus haut point. D’abord il accuse l’opposition de n’avoir pas abordé le sujet lors de sa marche (c’est tout de même un problème singulier qui est pris en charge dans un thème global), mais en plus il estime que le cadre choisi (Questions d’Actualité de l’Assemblée Nationale) n’était pas approprié, suffisant pour vider la question. « Il faut interpeller Me Tall » pour débattre longuement du problème qui s’enlise dans la quasi indifférence des autorités. Voici enfin un beau soutien aux étudiants et aux enseignants qui ne demandent que cela : aller au fond du dossier pour que ‘’plus jamais ça’’.

Mariko candidat en 2018 ?

« Cela dépend du choix des militants. Nous n’avons pas le même programme que le parti présidentiel, donc à un certain moment on va se préparer. Et puis on ne s’est jamais refusé à la candidature à une présidentielle, donc une candidature, c’est ce qu’il y a de plus probable » annonce sans détours le président du parti SADI. Qui ne fait aucun mystère de sa future candidature. Si bien sûr, les militants lui en donnent mandat.

Mariko reste une énigme

Ils sont nombreux les Maliens à apprécier les actes du président du parti SADI, et cela ne date pas d’aujourd’hui. Cependant ce capital sympathie n’a pas l’air de se traduire en actes concrets dans les urnes. Quelles explications y a-t-il à cela ? Une étude approfondie est sûrement nécessaire. En attendant, nous allons nous fonder sur les opinions d’observateurs. Ainsi, pour les uns, le Dr Mariko est ‘’bon comme opposant’’, pour dénoncer des situations d’injustice et autres. Mais ‘’président de la République’’, il serait un épouvantail pour de nombreux partenaires qui tourneraient dos au Mali. Cela relève de son caractère jugé quelque peu ‘’extrémiste’’. Le même ‘’extrémisme’’ qui le pousse à être souvent trop agressif dans ses propos et envers ses adversaires. « Critiquer, c’est bien mais quand c’est modéré et qu’il y a des preuves » observe un citoyen. Pour les autres, Mariko est ce qu’on appelle en politique un « populiste». En termes plus simples, c’est la tendance à promettre monts et merveilles, sachant bien qu’au fond c’est irréalisable. C’est en quelque sorte de la démagogie qui veut dire aussi ‘’tromper le peuple, en tout cas les naïfs’’. ‘’Cela s’observe chez Mariko quand il s’est toujours dit opposé à l’arrivée de troupes étrangères, notamment françaises à Konna, alors même qu’il savait pertinemment que nos forces n’étaient plus en mesure de contenir l’assaut des djihadistes’’ fait remarquer un autre observateur. Qui ajoute que Mariko est à l’image d’une Aminata Dramane Traoré, une autre idéaliste de l’altermondialisme, toujours opposée aux produits étrangers, mais incapable de proposer l’alternative ; l’alternative ne se limitant pas à dire « consommons ce que nous produisons». Il faut d’abord ‘’produire’’ et cela ne se décrète pas en un jour. Est-ce d’ailleurs sincère de la part de cette ex ministre qui ne donne guère l’exemple en vendant le verre de thé à 1000 F ou en fixant la nuitée dans son hôtel au-delà d’une bourse malienne voire africaine. Cela, ce n’est pas ‘’l’altermondialisme’’. ‘’Un autre Mali est possible’’, mais celui-là n’est pas souhaitable. Mais revenons au Dr Mariko, sollicité ici et là par les populations pour les aider à combattre les injustices, mais ignoré dans les urnes. Cette contradiction soulève une autre interrogation : y a-t-il seulement élections ? En d’autres termes, les scrutins sont-ils suffisamment sincères et crédibles pour que l’on puisse se fier aux tendances issues des urnes ? Rien n’est moins sûr. Mais il faut dire aussi que Mariko comme Soumana Sacko sont des ‘’victimes politiques’’ d’un peuple de plus en plus ‘’beau parleur’’, et donc qui agit peu : « on loue les qualités du candidat sans franchir le pas qui peut faire du rêve une réalité». Mariko a sûrement compris cela, puisque répondant à un auditeur fan (de lui) qui cherchait à savoir ‘’ ce que Mariko propose pour sortir le Mali de cette situation’’, il a d’abord sensibilisé et guide l’auditeur vers le parti. Une façon de faire de ce sympathisant un militant actif.

Sory Haidara

 

Source : Le Point

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