Dans cet entretien exclusif, le président de la Fédération Malienne de Football, Boubacar Baba Diarra s’est dit très heureux de la qualification des Aigles du Mali à la phase finale de la CAN 2017 avant même la dernière journée des éliminatoires.
Aujourd’hui : Monsieur le Président, les Aigles du Mali, pour la première fois, sont qualifiés pour la phase finale de la CAN avant même de jouer la dernière journée. Quelles appréciations en faites-vous ?
Boubacar Baba Diarra : Nous remercions Dieu pour avoir facilité la qualification des Aigles du Mali à la phase finale de la CAN devant se dérouler au Gabon en 2017. De mémoire d’observateur le plus fidèle du football malien, c’est une grande première que l’équipe nationale du Mali se qualifie en phase finale d’une Coupe d’Afrique à seulement une journée de la fin des éliminatoires.
Nos qualifications ont presque toujours été obtenues dans la douleur malgré un potentiel de grands joueurs dont a disposés le pays jusqu’ici. Tout le mérite revient aux joueurs d’abord, acteurs principaux, à leur encadrement technique, aux dirigeants de la Fédération malienne de football qui assurent la supervision constante de l’équipe, au Comité exécutif de la Fédération malienne de football, pour la qualité de son management, au Comité des supporters des Aigles pour leur accompagnement de l’équipe. Puisque vous parlez d’appréciation, j’éprouve de la joie et de la satisfaction pour les résultats obtenus; ce qui signifie que nous sommes sur la bonne voie, celle du développement du football du Mali.
C’est aussi l’occasion pour moi d’affirmer que dans l’entente tout est possible.
Toujours s’agissant des Aigles, nous nous rappelons qu’ils ont été écartés de la dernière phase finale de la CAN 2015 par tirage au sort. Quels enseignements en a tirés la Fédération pour que pareilles situations ne se répètent pas, notamment en évitant les calculs au niveau des matches ?
Effectivement en 2015, notre élimination suite à un tirage a été durement ressentie d’abord par les acteurs eux-mêmes, ensuite par l’ensemble du peuple malien qui avait cru en son équipe du fait d’avoir rivalisé à armes égales avec les grandes nations de football d’Afrique de l’époque, la Côte d’Ivoire et le Cameroun. Le Mali avant cette épreuve s’était montré, par la qualité du jeu fourni, l’un des meilleurs de son groupe, partant, un prétendant sérieux au titre en Guinée Equatoriale. C’est ce qui a rendu très pénible et injuste pour nous le verdict du tirage au sort.
Tirant les enseignements de cette épreuve, nous avons décidé de ne plus jamais se mettre dans une telle situation de fragilité. Il s’agira pour nous de ne plus se mettre dans une telle situation aléatoire qui annihile tous les efforts fournis en amont. Il s’agira désormais pour nous de nous battre pour avoir les meilleurs résultats et en conséquence être parmi l’élite.
Mais pour parvenir aux résultats que vous projetez, quelles dispositions la Fédération a-t-elle prises pour apporter le meilleur accompagnement possible à l’équipe nationale ?
La réussite à une phase finale de la CAN résulte d’une bonne préparation. Sur ce plan et dès la proclamation de la liste définitive des qualifiés par la CAF, un projet de budget de préparation a été élaboré avec le concours des différents acteurs. Ce projet sera transmis incessamment au Ministère des Sports pour être soumis au Département des Finances. Des contacts ont été pris avec la communauté malienne au Gabon pour identifier et nous conseiller le meilleur site de préparation de notre équipe. En plus de ces dispositions matérielles et financières, le choix judicieux des joueurs est très important et relève de la seule compétence de l’encadrement technique. En la matière, le Mali dispose d’un potentiel de joueurs qui fait rêver toute nation de football. Nous souhaitons que notre légitime ambition d’être au sommet de l’Afrique soit soutenue par les décideurs.
Le football, ce n’est pas seulement l’équipe nationale. Quels sont les grands axes d’intervention de la Fédération malienne de football pour améliorer la pratique du football au Mali, notamment en termes d’infrastructures ?
Comme vous venez de le dire, le football pour son développement requiert de bonnes installations, un encadrement qualifié et un potentiel de joueurs de talent. Lorsque nous sommes venus aux affaires, nous avons élaboré un programme d’investissements qui devrait permettre d’améliorer les infrastructures existantes et de doter les parties nord du territoire, moins nanties, d’installations modernes surtout adaptées aux conditions naturelles du septentrion malien. En termes d’amélioration, les terrains du Djoliba AC, du Stade Malien, des Onze Créateurs de Niarela, du Réal de Bamako, de l’Union sportive des forces armées et de sécurité, de l’AS Police ont été électrifiés. De même les terrains de l’Union sportive du Cercle de Kita, du Mamahira de Kati, de l’AS Bakaridjan de Baraoueli et de l’AS Sabana de Mopti ont été engazonnés.
En termes de modernisation d’installations, la Fifa, à la requête de la Fédération malienne de football, s’est engagée à poser le gazon synthétique sur les trois terrains du Nord du pays. A savoir Gao, Kidal et Tombouctou. Déjà les travaux du terrain de Tombouctou sont en voie d’achèvement, et ceux de Gao démarreront le 15 juin prochain. Le contrat y afférent a déjà été signé avec la société Green Field des Pays Bas.
Il y a aussi que les moyens des clubs ne sont pas souvent à la hauteur de leurs ambitions. Que fait la Fédération pour les soutenir à ce niveau ?
Le football est une activité hautement capitalistique qui requiert d’importants moyens financiers pour sa pratique. Conscient de cela, le Comité exécutif à élaboré un programme de recherche de partenaires pour le financement des activités de football et l’appui financier à apporter aux clubs. Dans ce cadre, un contrat de sponsoring a été signé avec Orange Mali qui permet de doter chaque club de 1ère Division d’une somme de 20 millions de francs par an. Nous attendons incessamment la conclusion d’autres contrats pour améliorer cette contribution du Comité exécutif aux clubs.
Pour le championnat national dont la phase aller vient de se terminer, que pensez-vous de la nouvelle formule à deux poules ?
Nous avouons que cette formule nous a été imposée par les contraintes de temps. Au sortir des négociations autour de la crise, au mois de mars 2016, il était quasiment impossible d’organiser un championnat à poule unique avec 20 clubs de Ligue 1 et en 6 mois, quand on sait que le début de la nouvelle saison est prévu en octobre.
L’existence de deux poules à cela de pervers qu’elle ne facilite pas la détection de l’éclosion de talent du fait de la réduction du temps de jeu. Ce qui affecte négativement, et du coup, la compétitivité de nos clubs en compétitions internationales. En plus, elle est onéreuse à cause de l’augmentation de son coût d’organisation.
Si on se focalisait sur le niveau de championnat, comment le jugez-vous ?
Le niveau du championnat national de la saison en cours n’est pas comparable à celui des saisons précédentes. Cela s’explique par la réduction du temps de jeu qui ne permet pas aux joueurs de s’affirmer au mieux de leur talent. Egalement, le football malien a été affecté par le départ massif à l’extérieur de talents qui composaient nos équipes nationales de catégories juniors et cadets.
Et que peut-on dire de la Coupe du Mali dont la finale est l’un des événements sportifs majeurs de notre pays ?
Cette compétition est en cours et nous sommes au stade fédéral. Du point de vue niveau, il est comparable au championnat national car ce sont les mêmes acteurs.
Y a-t-il à l’heure actuelle un bon climat d’entente entre d’une part la Fédération malienne de football et les ligues régionales et d’autre part entre la Fémafoot et les autorités en charge de la gestion du Sport au Mali ?
On peut dire aujourd’hui, sans se tromper, que le climat est au beau fixe entre le Comité exécutif et la majorité des Ligues régionales de Football. Il en est de même entre le Comité exécutif et le Département de tutelle qui ne ménage aucun effort pour appuyer les équipes nationales dans les limites de ses possibilités. Cependant, il ne faut pas occulter la persistance de la crise sur certains aspects. En témoigne la nouvelle traduction du Comité exécutif devant le Tribunal arbitral du sport, appelé en abrégé TAS par les mêmes opposants qui persistent encore dans l’erreur. A notre avis, la meilleures attitude n’est pas de les ignorer, mais de les confondre et de les ramener à de meilleurs sentiments par des actes de développement, une bonne organisation, le culte de la vérité, la transparence au moyen d’une bonne communication, ne pas rompre le dialogue, être disponible et serein dans la vérité, faire de la Fédération malienne de football une maison de transparence sans faiblesse ni compromission.
Réalisé par A.B. HAÏDARA
Source : Aujourd’hui-Mali
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