Même si on est encore loin de 2018 et les comptes du premier quinquennat loin d’être faits, il ne nous paraît pas du tout assez tôt de dire que le deuxième d’IBK se dessine, lentement mais sûrement. L’affirmation n’est ni populiste, ni saugrenue, au vu des dernières évolutions de l’actualité politique nationale qui offrent les scénarii les plus invraisemblables il y a de cela quelques mois. Le revirement spectaculaire du porte-parole de l’Opposition politique dans la Majorité présidentielle ; le pas décisif franchi par le président de la République pour le retour de l’ancien président Amadou Toumani Touré au pays ; la fièvre de l’adhésion de pans entiers de partis au RPM (parti présidentiel) etc. sont autant d’indices et de signaux forts qui présagent de vastes mouvements à venir en faveur du président Ibrahim Boubacar Kéïta ou de son camp politique. Pour un nouveau bail avec les Maliens ?
Certes, le président Ibrahim Boubacar Kéïta n’a pas continué avec le consensus politique instauré presque dix ans durant par son prédécesseur Amadou Toumani Touré ou même envisagé jusque-là un tel cas de figure, mais le cours de l’évolution politique actuelle semble nous mener inévitablement vers ce mode de gestion atypique. Cette gestion commune des affaires de l’Etat avait permis à ATT d’être réélu sans coup férir dès le 1er tour en 2007 pour un son deuxième quinquennat, parce que toutes les obédiences politiques avaient rallié sa cause.
Aujourd’hui, bien que l’on n’ait pas encore bouclé les trois premières années d’IBK, un schéma similaire de dessine, et à une vitesse vertigineuse. L’évolution récente du jeu politique crève les yeux sur ce que va ressembler en 2018 le visage du paysage politique malien: “TOUS POUR IBK ” ou “ TOUS DERRIERE IBK “. Pourquoi ?
Le premier signal fort, c’est le changement de “camisole ” du porte-parole de l’Opposition malienne et non moins président du Parti socialiste Yeleen Kura, Amadou Koïta qui a rejoint le camp présidentiel sans état d’âme. Le manège a commencé par sa désolidarisation de la marche de l’Opposition du 21 mai 2016 au motif que “le PS-YELEEN KURA ne peut chevaucher deux montures à la fois… “, l’événement coïncidant avec le grand meeting pour la paix et la réconciliation nationale.
Le même jour, Amadou Koïta se retrouve en première ligne de ce meeting, initié et entièrement financé par le pouvoir.
Ce n’est pas tout. Une semaine plus tard, jour pour jour, le PS Yeleen Kura tient sa première Conférence nationale pour marquer définitivement son adhésion totale et entière dans la Majorité présidentielle. A l’occasion, son président Koïta a livré un message sans équivoque :” Nous avons joué le rôle qui était le nôtre au sein de l’Opposition jusqu’à ce moment… Aujourd’hui, j’en appelle à tous les militants et militantes de notre parti à soutenir les initiatives du Président de la République (ndlr : Ibrahim Boubacar Kéïta) pour qu’enfin notre pays retrouve sa verve d’antan pour que la nation malienne se réconcilie avec elle-même, pour que l’ensemble du peuple malien se retrouve et qu’enfin, enfin, le citoyen malien retrouve sa dignité et cette image de souveraineté de notre pays “.
C’est une grosse prise pour le camp présidentiel qui débauche un harangueur public et grand orateur, qui a le courage de ses idées. Et qui de surcroit est connu pour être un vrai débaucheur.
Selon ce que l’on sait de lui, Amadou Koïta fera tout pour faire basculer plusieurs partis de l’Opposition ou leurs branches de base dans le camp de la Majorité. Rappelons que dans son boycott de la Marche pour le Mali, il avait entraîné avec lui le PRVM Faso ko, qui serait également attendu à la Majorité, tôt ou tard.
Un futur allié de taille de la Majorité présidentielle, c’est le PDES, Parti pour le développement social et la solidarité, proche d’ATT. Il est désormais indéniable qu’un rapprochement entre les partisans de l’ancien président en exil à Dakar et IBK depuis que celui-ci a posé des actes évidents en faveur du retour de leur mentor. Depuis qu’ATT a quitté le pouvoir et le pays pour aller s’installer ” dehors ” avec sa famille, les cadres, militants et sympathisants ont engagé la lutte pour son retour. Le PDES s’est rangé dans l’Opposition pour mener ce combat de longue haleine. D’ailleurs, son président par intérim a toujours clamé sa préférence pour une opposition constructive qui accompagne le chef de l’Etat dans son action et non pour un regroupement qui serait un frein à l’action gouvernementale.
Toute la lutte du PDES se résume en quelques vœux et doléances : le retour du président Amadou Toumani Touré au bercail, la mise à sa disposition de son ancienne résidence affectée à l’Etat malien pour servir de Maison des hôtes, et l’abandon des poursuites engagées contre lui pour haute trahison. Depuis le lancement de la campagne agricole 2016-2017, IBK a formellement accédé à la requête majeure des défenseurs d’ATT, à savoir son retour au pays. Ce samedi 28 mai là, le chef de l’Etat déclare proprement : “Je suis reconnaissant à mon jeune frère Amadou Toumani Touré dit ATT et ex président de la République du Mali pour avoir initié la Journée du paysan. Beaucoup de choses se disent dans nos relations, mais je sais qu’il n’y a rien d’intrigue, ni de méchant. Je n’ai aucun problème avec ATT. Je n’ai pas fait partir ATT, je ne le bloque pas à Dakar non plus.On se verra bientôt. Je sais qu’il m’entend, je le remercie d’avoir initié la Journée paysanne au Mali. C’est à son actif. Merci pour l’instauration d’une journée agricole au Mali. ATT, à très bientôt ! “.
Il nous revient que lors du récent sommet de l’UEMOA tenu le 5 juin à Dakar, IBK et ATT se seraient rencontrés. Un pas décisif dans le processus pour le retour de l’ancien président placé dans le cadre de la paix et de la réconciliation. Question logique : si les deux présidents fument le calumet de la paix et se mettent ensemble, leurs partisans peuvent-ils se tourner dos ? La réponse est plus facile que l’interrogation : NON ! Alors, si les autres conditions sont satisfaites par IBK, ce qui est fort probable, le PDES pourrait quitter l’Opposition pour la Majorité. Et peut-être ne même pas présenter de candidat en 2018.
Enfin, que dire de cette transhumance à outrance vers le RPM de sections, sous-sections et comités de plusieurs partis, de l’Opposition comme de la Majorité ? Pas plus tard qu’il y a deux semaines, des cadres, élus et militants de l’ADEMA, de l’UDD, du PDES ont rejoint le parti présidentiel avec armes et bagages.
A ce rythme, le président IBK a toutes les chances de passer une élection présidentielle aussi facile que celle de 2013.
A.B. HAÏDARA
Source : Aujourd’hui-Mali
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