En l’espace d’une semaine, plus de 1000 candidats à l’immigration voulant se rendre en Europe, sont morts lors de la traversée de la méditerranée. Ce chiffre n’est qu’une estimation. Ni l’organisation internationale pour la migration, ni le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) encore moins un autre organisme, n’est en mesure d’avancer le chiffre exact de ces personnes désespérées qui préfèrent braver la mort au bord des embarcations de fortune que de vivre éternellement dans un ilot de désespoir.
Sur la méditerranée, les années passent et se ressemblent avec leur lot de victimes, toutes africaines. La situation est chaotique, dénoncent plusieurs organisations de la société civile. « Les mesures de surveillance aéronavale prises, se montrent impuissantes à éviter de tels drames, même si l’intervention de sauvetage de la marine italienne, de l’opération européenne Sofia, des ONG et même des garde-côtes libyens, ont permis de sauver 5 600 migrants la semaine dernière », a indiqué, le 31 mai dernier, le Parti Communiste Français (PCF) dans une déclaration. « Jusqu’à quand, et jusqu’à combien de disparitions, l’UE et les États membres persisteront-ils dans ce refus criminel qui conduit à de tels drames et à faire le lit des passeurs ? », s’interrogent les communistes français qui appellent l’UE à respecter les droits humains.
A part quelques flashes sur les médias, il n’y a aucune trace de ces catastrophes. Une vraie omerta ! Aux yeux de tous, les attaques de Radisson Blue de Bamako, du restaurant Caputino de Ouagadougou, les attentats de Grand Bassam en Côte d’Ivoire, de Paris ou encore de Bruxelles méritent plus de faire l’objet des éditions spéciales que les chavirements des embarcations de fortune. « Comparaison n’est pas raison », nous enseigne un adage. Un mort vaut-il mieux qu’un autre ? Visiblement, aux yeux de la civilisation actuelle du monde, les nombreux morts sur la méditerranée sont des sous- êtres humains, donc leur disparition n’a aucune valeur.
Réunis à Dakar, le week-end dernier, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont passé sous le silence ces catastrophes qui ont touché une couche importante de leurs concitoyens notamment la frange juvénile. Il faut prendre une loupe pour rechercher les lignes relatives à ces drames successifs dans le communiqué final. Il ne peut en être autrement si l’on sait que ce sont les politiques néolibérales de ces mêmes dirigeants qui ont semé les germes de la désespérance chez les jeunes dont certains préfèrent finir dans l’estomac des prédateurs de la mer que de vieillir au chômage autour d’un club de thé. Il ne peut en être autrement quand l’on sait que ces chefs d’Etat, prêts à obéir aux injonctions de Bruxelles, étaient récemment à la Valette pour donner leur aval aux politiques avilissantes de l’UE. Il ne peut en être autrement puisque c’est l’UE qui apporte sa caution à cette élite dirigeante africaine, complice des grandes multinationales, lesquelles pillent les matières premières dont l’exploitation judicieuse permet de créer les conditions idoines, nécessaires au maintien de ces bras valides. Il ne peut en être autrement dans la mesure où les dirigeants africains, incapables de tenir leurs promesses de création d’emplois, voient en cette jeunesse désœuvrée, une menace potentielle pour leur pouvoir.
« La seule réponse véritable pour préserver ces vies de femmes, d’hommes et d’enfants qui fuient guerres, violence et misère, et « casser » le trafic organisé par les passeurs, c’est, comme le réclament les ONG, d’ouvrir des voies légales et sécurisées pour leur passage des côtes libyennes vers l’Europe », préconise le Parti communiste français. Comme l’UE ne veut pas de solutions, des sous-êtres humains, dont la vie n’a aucune valeur aux yeux des maîtres de ce monde dit civilisé et respectueux des droits de l’homme, continueront à mourir dans la mer.
Chaka Doumbia
Source: le challenger
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