Cette affaire des braqueurs du véhicule de transport de fonds de l’Ecobank de Kayes a défrayé la chronique. Il a fallu deux jours pour vider le contentieux. A la fin de l’audience, les trois braqueurs, Cheick Oumar Sy dit “Torodo “, Modibo Sidibé “Van” et Adama Dramé (un Malien résidant en France) ont été condamnés chacun à 10 ans de prison. Le procès a été un véritable feuilleton judiciaire. Chronique d’une attaque d’un véhicule de transport de fonds entre Diboli et Kayes.
A la barre, Cheick Oumar Sy dit “Torodo “, Modibo Sidibé “Van” et Adama Dramé devaient répondre à l’accusation d’association de malfaiteurs, vol qualifié, dommage à la propriété mobilière, détention illégale d’armes à feu. Leur inculpation fait suite à une attaque du véhicule de transport de fonds d’Ecobank entre Diboli et Kayes. Les faits. Le 23 janvier 2013, Ecobank de Kayes devait convoyer un fonds de 530 millions Fcfa de Diboli à Kayes. En cours de route, le convoi de transport de fonds fera l’objet d’un braquage. Le véhicule contenant les 530 millions Fcfa a été percuté par un camion Benne conduit par les malfrats immobilisant ainsi le convoi. Après le gazage des occupants du véhicule transportant les fonds (un agent d’Ecobank, son chauffeur et deux gardes) et des tirs croisés, les bandits emportèrent le Land Cruzer et les 530 millions Fcfa. De part sa ténacité, un garde du nom de Yacouba Diarra informa sa hiérarchie de l’attaque. Des patrouilles s’organisèrent. Et les bandits furent arrêtés à Kayes N’Di avec les fonds.
A la barre, Cheick Oumar Sy dit “Torodo”, fils d’un richissime Kayesien, a nié sa participation au braquage. Dans sa narration des faits, il se passa pour une victime. A ses dires, le 23 janvier 2013, en allant à Diboli avec son garçon, Mamadou Sy, ils seront kidnappés par des bandits armés qui l’ont maltraité avant de l’emmener à Kayes N’Di où les mêmes bandits l’obligèrent à leur donner un véhicule qui servit à attaquer le véhicule de transport de fonds d’Ecobank. Selon toujours sa version, au moment de son kidnapping, il avait sur lui 50 millions Fcfa. Lui, son fils, Adama Dramé et Modibo Sidibé seront arrêtés par les éléments du capitaine Berthé. Il insistera qu’au moment de leur arrestation, il était otage des bandits qui ont disparu dans la nature. Et ces bandits ne seront jamais retrouvés.
Ses coaccusés, Adama Dramé et Modibo Sidibé aussi nieront les faits reprochés à eux. Ils soutiendront qu’ils se sont retrouvés sur les lieux de leur arrestation à partir d’un coup de téléphone de Mamadou Sy, le fils de Cheick Oumar Sy (qu’ils connaissent) pour lui remettre le véhicule de son papa qu’ils avaient emprunté. C’est comme cela qu’ils ont été arrêtés par les forces de l’ordre.
Ces versions des faits des trois accusés seront démenties par des témoignages, surtout celui de Ballo, le chauffeur du Camion Benne que les bandits avaient utilisé pour accidenter le véhicule d’Ecobank. Selon ce chauffeur, les bandits s’étaient passés pour des clients qui voulaient qu’il transporte leurs briques à partir d’un village sur la route de Diboli. En partance pour ce village, Ballo et son apprenti seront arrêtés, menottés et attachés à un arbre dans la brousse. C’est ainsi que les malfrats s’emparèrent du Camion Benne pour aller commettre leur forfait. Mais,Ballo et son apprenti avaient eu le temps d’identifier Cheick Oumar Sy et Adama Dramé comme étant leur agresseur.
Dans leur précipitation, les bandits oublièrent les clés des menottes avec les infortunés. Ces derniers se débrouillèrent pour se libérer et aller informer les gendarmes de leur mésaventure. “C’est à la Gendarmerie que j’appris que les bandits ont utilisé mon camion Benne pour attaquer le véhicule de transport de fonds d’Ecobank”, a-t-il dit avant de montrer sur place à la barre Cheick Oumar Sy et Adama Dramé comme étant leur agresseur. Me Magatte Seye (avocat des accusés) acculera de questions ce témoin gênant. Mais Ballo et son apprenti sont restés imperturbables.
Dans son plaidoyer, le Ministère public dira qu’il est indéniable que les accusés ont pris part au braquage et qu’ils avaient bien préparé leur plan dans lequel chacun des accusés avait un rôle à jouer. C’est ainsi que les malfrats utilisèrent trois véhicules, de fausses plaques d’immatriculation (dont une de la Mauritanie) et d’autres objets dont des armes, des bouteilles de gaz incapacitant, des cagoules, des menottes, pour commettre leur forfait. Il déclarera que la Cour est suffisamment avertie et que les faits sont vrais. A ses dires, il y a les éléments constitutifs des infractions comme l’association de malfaiteurs (punie de 5 à 20 ans d’emprisonnement), car ils se sont associés pour commettre leur forfait ; le vol qualifié avec des circonstances aggravantes par l’utilisation de la violence et d’armes à feu.
La tentative de meurtre est aussi évidente avec des tirs sur les gardes. Pour lui, le délit de coups et blessures volontaires est aussi établi, notamment avec l’utilisation de gaz dangereux occasionnant des blessures graves. “L’existence d’un seul élément suffit pour maintenir les accusés dans les liens de l’accusation. Les accusés ont décidé de mettre leur intelligence au service du mal. Donc, il faut les mettre hors d’état de nuire. Ils ne méritent aucune pitié car ils sont capables du pire. Ils ne méritent aucune circonstance atténuante car ils ont été pris la main dans le sac”, a plaidé le Ministère public, avant de solliciter la perpétuité pour les accusés.
Me Alassane Diop (le jeune avocat bouillant d’Ecobank) soutiendra que des indices concordants existent contre les accusés dont la détention illégale d’armes à feu. “Ce qui prouve la dangerosité de Cheick Oumar Sy et ses complices”, a-t-il dit.
Dans sa tentative de sauver la tête de ses clients, Me Magatte Seye réagira qu’il n’a jamais été prouvé que les accusés sont coupables.
“La qualification de personnes intelligentes ne peut pas être assimilée à une culpabilité. Le Parquet doit prouver que Cheick Oumar Sy était sur les lieux de l’attaque du véhicule d’Ecobank. Il faut prouver le crime par les faits. La perquisition chez Cheick Oumar Sy qui a permis de découvrir des armes ne s’est pas passée dans les normes. Donc, elle est nulle. Il n’y a qu’un seul témoin (le chauffeur du camion Benne) qui prétend avoir vu mon client qui a nié cela. C’est sa parole contre la parole de mon client”, a-t-il défendu.
Dans les arrêts de condamnation, la Cour a reconnu les accusés coupables des faits à eux reprochés, mais avec des circonstances atténuantes. Cheick Oumar Sy et ses compagnons ont écopé de 10 ans d’emprisonnement avec des dommages et intérêts qui doivent être payés à Ecobank, au chauffeur du camion Benne et à son apprenti.
A la fin du procès, le Ministère public a proposé la confiscation et la vente des trois véhicules de Cheick Oumar Sy qui ont été utilisés par les malfrats pour commettre leur forfait.
Siaka Doumbia
Une peine de sursis pour le meurtrier qui recouvre la liberté
Le mardi 24 mai 2016, N’Golo Samaké était devant la Cour d’assises pour répondre de l’accusation du meurtre de l’amant de sa femme.
es faits remontent au 28 juillet 2014, un jour de petite fête musulmane. Ce jour-là, N’Golo Samaké (63 ans), après plus de trois ans de mise en garde à sa femme Ténin Dienta et à l’amant de cette dernière, Sékouba (un homme marié à trois femmes), finit par les surprendre en pleins ébats sexuels dans son champ. Stupéfait, N’Golo dira à l’amant de sa femme qu’il va téléphoner à son frère pour l’informer de la surprise. Paniqué, l’amant poursuivit N’Golo jusque dans sa chambre. Ainsi inquiété, N’Golo Samaké se saisit de son fusil pour tuer l’amant avant d’aller informer son frère Békaye Samaké (un colonel de la gendarmerie à la retraite) de son forfait. Ce dernier témoigna que, depuis trois ans, son frère l’avait informé du comportement des amants. Et Békaye Samaké avait rappelé les tourtereaux à l’ordre. Mais hélas, les deux amants continuèrent à vivre intensément leur relation jusqu’à cette date fatidique du 28 juillet 2014.
A la barre, N’Golo Samaké a reconnu les faits à lui reprochés. Et ses dires sont confirmés par sa femme infidèle, Ténin Dienta, qui reconnut qu’elle avait des relations sexuelles avec Sékouba au champ ou dans des chambres de passe. Et que son mari, qui était au courant de cette relation, l’en avait dissuadé plusieurs fois. Mais pour elle, Satan ne faisait que son travail. Et Ténin d’expliquer son comportement par le fait qu’elle désirait un enfant qu’elle n’arrivait pas à avoir avec son mari qui, à ses dires, n’est pas pourtant pas impuissant. Dans son plaidoyer, le Ministère public charge N’Golo Samaké en soutenant que les faits de meurtre sont établis. A ses dires, N’Golo Samaké a agi sous la pression avec l’intention de donner la mort à Sékouba. Par conséquent, il demande de le maintenir dans les liens de l’accusation. Mais il précisera que N’Golo Samaké ne saurait être le seul coupable. Sa femme qui n’a pas la notion de mariage est complice du meurtre. “Si cette dernière était civilement mariée à N’Golo, elle devait être poursuivie pour complicité de meurtre. Mais, hélas, elle est liée à N’Golo par un mariage religieux”, regrette-t-il. Cependant le Ministère public reconnaît que N’Golo Samaké peut bénéficier de circonstances atténuantes. Mais il requiert 5 ans de prison dont 2 ans avec sursis.L’avocat de N’Golo Samaké, après avoir remercié le Ministère public pour son honnêteté intellectuelle et sa sollicitude pour son client, précisera que le meurtre commis par N’Golo Samaké est un crime passionnel. Car, soutient-il, N’Golo Samaké a trop enduré une souffrance terrible. Et Sékouba voulait agresser N’Golo qui n’a fait que se défendre. “Je ne défends pas la légitime défense. Mais N’Golo a été agressé chez lui. Les faits étant connus, N’Golo est un délinquant primaire. Tous les renseignements lui sont favorables. Je suis sûr que la Cour lui accordera des circonstances atténuantes. Je sollicite pour mon client des peines de sursis”, plaide l’avocat de N’Golo Samaké.
Comme derniers mots, N’Golo Samaké regrettera son geste.
Finalement, la Cour condamne N’Golo Samaké à 5 ans de prison avec sursis. N’Golo retrouve donc les siens.
Siaka Doumbia
Source : Aujourd’hui-Mali
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