Notre pays joue les premiers rôles dans la lutte contre cette maladie qui provoque de nombreux décès chez les tout-petits. De quoi donner susciter la satisfaction du chef de l’Etat
Le 10è symposium africain sur le rotavirus (un redoutable agent pathogène des diarrhées aiguës chez les tout-petits) qui s’est ouvert hier dans notre capitale, restera dans les annales scientifiques et politiques de notre pays, voire du continent africain. Car ce rendez-vous scientifique se tient pour la première fois dans un pays d’Afrique francophone et enregistre la présence d’un président de la République à l’ouverture des travaux.
Il faut dire que cette rencontre scientifique avait été initialement programmée pour 2012 dans notre pays puis reportée à 3 reprises du fait du putsch et des attaques contre les hôtels Radisson Blu et Azalaï Nord-Sud.
La cérémonie d’ouverture a donc été présidée par le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, au Centre international des conférences qui avait revêtu ses plus beaux atours pour la circonstance. C’était en présence du Premier ministre Modibo Keïta, du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Marie Madeleine Togo, de ses collègues du gouvernement, des présidents des institutions de la République, des représentants du corps diplomatique. Etaient présents aussi les représentants du Centre pour le développement des vaccins (CVD) de Baltimore (Etats-Unis), Mme Kathy Neuzil de l’Organisation mondiale de la santé pour la région Afrique (OMS/Afro) Jason Mwenda, le Pr Duncun Steele de la Fondation Bill et Melinda Gates et des têtes couronnées de la recherche vaccinale contre le rotavirus.
Il est toujours utile de rappeler que le rotavirus est à l’origine des infections diarrhéiques sévères chez les jeunes enfants. Ces diarrhées à rotavirus provoquent de nombreux décès chez les tout-petits, notamment les moins d’un an. Selon les statistiques nationales, notamment l’Enquête démographique et de santé (EDS VI), la prévalence des maladies diarrhéiques chez les enfants est de 9%. Les données de l’annuaire statistique des établissements de santé attestent cet état de fait. Sur plus de 6,4 millions de consultations, plus de 306.000 étaient des diarrhées. Une étude menée par le Centre pour le développement des vaccins (CVD-Mali) confirme aussi que le taux de décès dans les diarrhées à rotavirus est de plus de 300 sur 100 000 cas chez les enfants.
Ces statistiques interpellent et requièrent des actions et stratégies efficaces pour circonscrire la charge de morbidité et de mortalité liée au rotavirus dans notre pays.
Longueur d’avance. La rencontre de Bamako crée un cadre de concertation et d’échanges sur les préoccupations essentielles des pays africains en matière de lutte contre les maladies diarrhéiques et sur les priorités à définir dans l’amélioration de la santé des enfants donc de la réduction de la mortalité infantile. Nos pays doivent investir dans les actions de prévention, notamment la vaccination contre le rotavirus. Dans ce domaine bien précis, notre pays garde une bonne longueur d’avance sur nombre de ses voisins africains. Le Mali a introduit depuis deux ou trois ans, le vaccin (le pentavalent) contre le rotavirus dans le Programme élargi de vaccination (PEV) de routine. Cet antigène bien toléré par les enfants, provoque une réponse immunitaire qui protège efficacement contre les diarrhées à rotavirus, selon les scientifiques.
Le président de la République est revenu sur son leadership dans la lutte contre Ebola. Le chef de l’Etat avait été exhorté par la direction exécutive de l’OMS à prendre les choses en main pour stopper la propagation de la fièvre Ebola dans notre pays. Ibrahim Boubacar Keita a rappelé que c’est dans ce contexte qu’il a rencontré le Pr Samba Ousmane Sow dont il a salué l’engagement à servir son pays. « Aucune intrigue n’est à la base de notre relation mais simplement la compétence, a rappelé le président Keita. J’apprécie la qualité et l’excellence et j’ai appris de loin à estimer les chercheurs. » Ibrahim Boubacar Keïta citera à titre d’illustration quelques têtes couronnées de la recherche dans notre pays, notamment les professeurs Ogobaro Doumbo, prestigieux parasitologue, Dapa Ali Diallo, hématologue, entre autres.
« Le monde de la recherche est fabuleux, un monde qui a le sens de la vie qui sait travailler avec rigueur mais aussi partager », a magnifié le chef de l’Etat qui a invité le Premier ministre et le ministre de la Recherche scientifique à songer à une journée spéciale d’hommage pour célébrer la recherche et les chercheurs. Par ailleurs, le président Keita a témoigné de sa satisfaction de voir notre pays disposer d’équipes de recherche à hauteur de mission. « Les chercheurs dans l’ombre, dans l’ignorance de leur travail fabuleux et l’ingratitude de leurs laboratoires font bouger le Mali », a-t-il renchéri.
Pour le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, les maladies diarrhéiques causées par le rotavirus constituent un problème de santé publique du fait de leur charge de morbidité et de mortalité. Pour le ministre, l’introduction du vaccin contre le rotavirus a permis de protéger des enfants. Le pentavalent protège contre 5 types de rotavirus avec un taux de protection estimé à 82,5%, a-t-elle précisé.
Kathy Neuzil a salué l’engagement du président de la République et du gouvernement dans l’amélioration de la santé des enfants. « Nous voulons nous assurer que chaque enfant malien bénéficie du vaccin contre le rotavirus avant de souhaiter que le leadership d’IBK fasse tâche d’huile sur le continent africain en matière de réduction de la mortalité infantile.
A sa suite, le Pr Duncun Steele a réitéré l’engagement de la Fondation Bill et Mélinda Gates à accompagner les pays qui introduisent de nouveaux vaccins dans leurs programmes de vaccination. Il a surtout rappelé que le CVD-Mali est aussi un des partenaires privilégiés avec qui la fondation travaille. Il a aussi relevé qu’il y a un énorme et ambitieux projet de surveillance des causes de décès chez les enfants en gestation.
Ces différentes interventions avaient été précédées de celles du maire de la Commune III, Kader Sidibé et du représentant de l’OMS/Afro. Rappelons que ce symposium qui se tient depuis 2000, était au départ une rencontre biennale avant de devenir annuelle.
- DOUMBIA
Source : L’Essor
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