Dans la vie d’une nation, il y a des périodes maudites, où l’analyste politique et même le citoyen lambda se demande qui dirige le pays ? Les signaux que lancent les hommes du pouvoir sont si ternes qu’ils ne peuvent éclairer la lanterne censée indiquer le chemin à suivre par les citoyens. Ce qui est grave, c’est l’absence de dialogue, sinon celui des sourds entre acteurs politiques de la vie nationale. A l’observation de ce qui se passe dans notre pays, en ce moment, nous pouvons affirmer que nous traversons l’une de ces périodes maudites. Comment en sommes-nous arrivés là ?
Il faut tout d’abord souligner que dans la pratique, la démocratie à la sauce africaine est une autocratie. Ce sont les hommes qui dirigent et non les institutions – aussi parfaites soient-elles sur le papier – qui sont déterminants à la gestion de la chose publique. Et parmi ces hommes, le premier d’entre eux, celui qui a été investi à la tête de l’Etat après un suffrage plus ou moins transparent : le président de la République.
Dans le fonctionnement de notre démocratie, l’expérience montre que le président de la République est le point focal et le point de décision pour toutes les activités de la nation. C’est donc une trivialité de dire que non seulement sa santé physique et psychique, mais aussi son esprit d’ouverture, sont des éléments essentiels dans la prise des décisions et dans l’entame d’un quelconque dialogue avec l’opposition, dans la marche du pays tout court.
Dans le cas qui nous concerne, fort du plébiscite obtenu lors de son accession à la magistrature suprême, Laji Burama semble croire que l’opinion publique qui lui est favorable est statique. Nenni, l’opinion que l’on se fait d’un homme politique varie selon son bilan. Comme le baromètre sculpte la pression atmosphérique, les populations cisellent l’opinion qu’elles se font de leurs dirigeants.
Cela est assez évident dans les pays de vieille démocratie où, les pratiques de sondages d’opinions sont courantes. Malgré ses déclarations itératives de vouloir consulter les diverses opinions de la nation sur les problèmes cruciaux du pays, il est évident que le président n’a fait aucune ouverture réelle dans ce sens.
Même au sein du parlement, véritable haut lieu de débats politiques, ses partisans louvoient, ce qui amène à des joutes oratoires insipides et de bas niveaux dans l’Hémicycle. Il faut donc comprendre les frustrations des hommes et femmes des partis politiques et de la société civile. Si le débat ne s’opère pas dans les institutions de la République, dans les partis politiques, il est donc normal qu’il s’effectue dans la rue. Et la rue, il n’est pas toujours évident de pouvoir la contrôler.
En battant les pavés il y a de cela quelques jours, et ce malgré la tentative de noyautage de sa marche avec l’organisation d’un meeting dit de réconciliation nationale par certains partisans du président IBK -rappelant en cela, marche et contre marche des années 90- l’opposition politique qu’on l’adule ou qu’on l’exècre, a marqué un point pour sortir de l’anonymat dans lequel Laji Burama et ses amis veulent la confiner.
Wamseru A. Asama
Source: Delta News
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