Bamba est une ville et une commune du Mali, dans le cercle de Bourem (région de Gao). Elle est située sur la rive gauche du Niger, à 220 km à l’Est de Tombouctou et à 245 km au Nord-ouest de Gao. Par rapport à l’origine de Bamba qui signifie caïman (ou force) en bambara, la classique populaire raconte qu’un Bambara, venu du Sud, attacha son cheval dans l’île de Garbaygoungou juste en face de la ville. Le cheval fut attaqué par un caïman qui l’entraîna petit à petit dans les entrailles du Djoliba et le Bambara de crier : «Bamba ! Bamba ! Bamba !». Ainsi, la ville a pris le nom de Bamba. La commune de Bamba regroupe 19 villages et sept fractions (populations nomades) sur une superficie de 8 100 km². La population est composée essentiellement de sédentaires (Songhaïs, Peulhs, Bambaras, Dioulas, Bozos) et de nomades (Arabes, Maures, Touaregs, Bellas, etc.)
Histoire
La cité de Bamba a été fondée vers 490 (soit 200 ans avant Gao et 937 ans avant Tombouctou) par quatre hommes dont deux musulmans et deux non-musulmans. Leurs noms sont tombés dans l’oubli. Par Lambiata, une sorte de famille bambara.
Par les Bambaras eux-mêmes. Par l’ancêtre des Sorkos, Faran Maghan Boïté, enterré dans les cimetières de Bamba-île dénommé Bamba-Sorkoï. Très vieille cité préhistorique, Bamba se présente aujourd’hui comme une ville sans documents qui peuvent préciser son histoire, hormis quelques débris de pierres taillées, de pierres polies, de poterie et de la cendre sous les dunes ; témoignages certains du Paléolithique et du Néolithique (-2500 à -600). Le tout dénote bel et bien que de très vieilles civilisations humaines s’étaient manifestées là. Citons-en le tombeau et l’emplacement actuel de Faran Maghan Boïté, visible à Bamba-Sorkoï. Selon certaines versions, sa pirogue était pilotée par quatre-vingt-dix percheurs (45 de chaque côté).
Les seules références dont nous disposons sont les suivantes :
Le 1er mars 1591, les Marocains descendirent pour la première fois à Karabara Zena dans l’île de Kermachoué (village situé à l’Ouest de Bamba). Le pacha Mahmoud Djouder se baigna pour la première fois dans les eaux verdâtres du fleuve Niger. Ayant atteint en partie son objectif (la conquête du Soudan au Sud du Sahara), la scène se passa dans une grande euphorie.
Le 12 avril 1591, l’armée marocaine écrasa celle de l’Askia Ishaq dans la plaine de Tondibi et entra à Gao, où ils trouvèrent une ville déserte, puisqu’ayant appris leur défaite cuisante, les Sonrhaïs s’étaient retirés derrière le fleuve. Djouder retourna à Tombouctou où il construisit une flottille pour revenir battre l’Askia Ishaq à Zan-Zan (plaine située à l’est de la ville de Bamba) le 14 octobre 1591.
Ainsi, plusieurs batailles eurent lieu à Bamba, tantôt entre Touaregs et Marocains (Armas), tantôt entre Marocains et Sonrhaïs. La plus grande et la plus meurtrière de ces batailles fut celle d’Aghendal en 1726. Enfin, fatigués par tant de guerres, les combattants trouvèrent un consensus : les Armas (ou Aroumas) s’installeraient dans la vallée et les Touaregs se seraient dispersés, certains dans le Haoussa, d’autres dans le gourma. S’ensuivit une période d’harmonie jusqu’à l’arrivée des Blancs.
Dates clés
1897 : ouverture du poste militaire français. 1904-1909 : Cercle de Bamba administré par le capitaine français STAUP. 1912, 1913, 1915, 1922 : de grandes famines se sont succédé laissant des milliers de morts dont nombre de squelettes subsistent. 1924 : transfert du cercle de Bamba à Bourem pour des raisons stratégiques et militaires (avoir un regard sur l’Adrar des Ifoghas depuis Bourem). 1937 : mort de Dadou Abdouharamane Touré, chef de canton de Bamba. Son fils Alhabib lui succède (seulement quelques mois) et est à son tour remplacé par son frère Almouner qui gardera la chefferie jusqu’à l’indépendance en 1960. 1942 : Création du village de Bamba-Poste avec Alidji Mahamane Touré comme chef, mort en 1985. Son petit-fils Mahamar Almatar Touré lui succéda. 1943 : Une grande famine s’abat sur Bamba faisant beaucoup de morts. 1945 : Inondation (harikaara). 1946 : Création de l’école de Bamba. 1954 : Construction de l’ouvrage Karèye (Plaine du chef de Bamba-île). 1959 : Création du poste administratif de Bamba. 1960 : Accession à l’indépendance. 1962 : Creusement du canal de Bamba par Pierre Vidal pour aménager 700 hectares de culture : blé, orge, etc. 1966 : Grande sécheresse et exode massif vers Gossi (fondée pour l’occasion). 1967-1968 : Inondation. 1968 : Mort de Cheick Abdoul Hamid Haïdara, grand saint du village de Goundji où il fut enterré. 1970 : Épidémie de choléra dans le pays. 1972-1973 : Grande sécheresse (trois à quatre mois). 1985 : Épidémie de rougeole. 17 juillet 1985 : Mort de Mohamed Aboubacrine dit Annour, chef de Bamba-île. 1985 : Mort d’Alidji Mahamane Touré, chef de Bamba-poste. 1985 : Mort de Sgayar Touja Touré, chef de Bahondo. 26 juin 1991 : Première attaque des rebelles vers 11 h 30. Enlèvement du chef d’arrondissement Missoufiana Abdoulaye Maïga et du coffre-fort. La poste fut incendiée et les écoles fermées. La population paniquée se retire dans les îles. 19 juin 1994 : Seconde attaque meurtrière des rebelles sur la population de Bamba (Djndo, 22 h 30). Ce fut la douzième attaque. Il y eut 4 morts et beaucoup de blessés graves. 25 juillet 1994 : Pillage et carnage à Bamba entre 9 h et 16 h. 103 morts et de nombreux disparus. La population trouve asile dans les îles. 17 novembre 1994 : Arrivée d’une garnison à Bamba. 27 novembre 1994 : Retour timide de la population dans le Haoussa. 26 juin 1995 : Réunion intercommunautaire entre sédentaires arabes et auteurs du massacre du 25 juillet 1994. Amorce du retour à la normale. 1er octobre 1996 : Réouverture du poste militaire de Bamba ; refermé à cause du processus de paix engagé au Nord-Mali. 9 septembre 1999 : Naissance de la commune de Bamba. L’arrondissement disparaît. 1er septembre 2003 : Inauguration des locaux de la mairie ; bâtis sur les ruines du Fort. 2010 : Lancement de la radio “Zan-Zan” dont le projet est financé par Geek Corps.
Ahamadoun TOURE
Source: Le Reporter
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