En son audience du mercredi 4 mai dernier, la Cour d’assises de Bamako a statué sur l’affaire de «la tentative d’attentat contre IBK et son gouvernement» qui mettait en cause le lieutenant Mohamed Ouattara et le sergent-chef Amara Sylla, accusés de «vouloir déstabiliser les institutions en 2014». Malgré un dossier vide, comme dénoncent les avocats, ils ont été reconnus coupables et condamnés à la peine de 5 ans de prison.
Leur co-accusé, le soldat Souleymane Sangaré, en fuite au moment du jugement, a été condamné par contumace à la peine de mort. Dans cette affaire, seul Dramane Traoré a bénéficié d’un non-lieu sur les quatre accusés cités par l’acte de renvoi devant la Cour d’assises.
Selon l’arrêt de renvoi, l’officier et le sous-officier, tous deux appartenant au 33è Régiment commando parachutistes (les Bérets rouges) comparaissaient donc pour « tentative de désinstallation des institutions du pays, en complicité avec d’autres militaires ». Pour asseoir l’accusation, l’arrêt précise que plusieurs rencontres, messages et appels téléphoniques ont eu lieu dans ce sens entre les présumés auteurs.
Les avocats de la défense ont eu beau jeu de parler d’’un dossier vide, même si la Cour ne les a pas suivis en ce sens pour relaxer les accusés comme ils le préconisaient. Mais avaient-ils tort d’insister sur le « dossier vide » ?
De toute façon, avant cette audience, l’information circulait sur la faiblesse du dossier monté par les enquêteurs, pour une affaire qui a soulevé en son temps beaucoup de polémique au point que des doutes étaient émis sur l’existence même de cette tentative de coup d’état, comme annoncé au départ, avant d’être requalifié en «tentative de déstabilisation des institutions».
Seules quatre personnes ont été présentées à la Cour, alors que l’arrêt de renvoi parle de «complicité avec d’autres militaires». Ce silence entretenu à propos des complices, voire des commanditaires, amène à dire que le dossier a été bâclé lors de l’enquête préliminaire. Et à juste titre, on peut parler de «lampistes».
En effet, la thèse servie après leur arrestation était que le lieutenant Mamadou Lamine Ouattara, par ses nombreux déplacements à travers la ville de Bamako et ses causeries où parfois il devenait un peu trop loquace, avait fini par attirer l’attention. Ce qui sera confirmé par les filatures et écoutes téléphoniques. Au moment de son arrestation, il était considéré comme une courroie de transmission entre les commanditaires et les exécutants qu’il était chargé de recruter. Tâche dont il se serait bien acquittée pour avoir emballé une centaine d’éléments prêts à donner l’assaut sur la Résidence de Sébénicoro. Pour mieux faire passer cette thèse, on parlait d’un rassemblement qui devait se faire près de l’hôtel Radisson Blu avant de donner l’assaut. On ne va pas quand faire croire aujourd’hui, que seuls quatre éléments (ceux renvoyés devant la Cour d’assises) devaient effectuer ce rassemblement et par conséquent devaient, seuls, exécuter l’opération. D’où l’un des aspects les plus ridicules de ce dossier.
De toute façon, dès le début des enquêtes, à travers les colonnes de ce journal, nous avions dit que le fait de ne pas aller loin dans les enquêtes pour identifier au moins un commanditaire, ôterait tout crédit à ce dossier. En effet, pour une opération de cette envergure, il faut au moins des moyens financiers. Qui était le bailleur ? Question simple, mais pas bête à laquelle le dossier d’accusation n’a pu répondre. Nous avions raison d’écrire, en son temps, que «cette attitude, naturellement, fait jaillir des soupçons de faire du lieutenant Ouattara et consorts des lampistes pour couvrir de grosses légumes». C’est pour dire que, s’agissant de cette affaire, la montagne a tout simplement accouché d’une souris.
A.D.
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