Les ressortissants du cercle de Yélimané ont organisé le 21 mai dernier à la Maison de la Presse une conférence, pour éclairer la lanterne de l’opinion nationale sur le problème d’actualité dans leur localité. Cette rencontre était présidée par le président de l’Association Antenne de Yelimané Sadio Nianganté, Kandia Traoré ; la présidente des femmes de Yelimane, Daman Konté, le président de l’Association DAGAKANE et Bakary Djambou.
Selon le président Daman Konté, l’Association Yélimané Dagakané est une association apolitique regroupant tous les ressortissants du cercle de Yelimane partout dans le monde. Elle a été créée suivant l’autorisation du Gouvernorat du district de Bamako sous le numéro 1099/G-DG du 03/12/2014.
C’est au regard des victimes de l’immigration clandestine, qui décime les jeunes actifs du cercle, que les initiateurs ont décidé de mettre en œuvre des actions de développement, en vue de créer les conditions locales d’épanouissement des jeunes. Ce qui devrait se traduire par des initiatives de projets structurants, à fort potentiel d’emplois en faveur des jeunes et des femmes du cercle.
Ces objectifs sont les suivants :
Promouvoir le développement socio-économique du cercle de Yélimané ; Participer au côté de l’Etat et des Collectivités du cercle à toutes actions de promotion socio-économiques et culturelles en faveur du cercle ; promouvoir le rapprochement, la solidarité et l’entraide entre ses membres ; promouvoir l’éducation, l’accès à l’eau, l’assainissement et la santé des populations en rapport avec les compétences transférées par l’Etat ; renforcer les liens entre les ressortissants du cercle à travers le monde ; promouvoir toute activité qui concourt au développement du cercle.
Selon Daman Konté, le président de Dagakané, « le développement du cercle exige la paix et la cohésion sociale, l’entente, l’amitié et la fraternité. C’est pour cela que l’Association Dagakané estime que les conflits sociaux dans le cercle sont des véritables goulots d’étranglements du développement. Avant l’indépendance, l’autorité des chefs coutumiers avait fait régner la paix dans les familles respectives. L’entente et la cordialité, soutenues par une solidarité sans faille, ont permis à nos grands-parents de mettre sur pied un système communautaire, qui encadre également les générations futures. C’est la même dette que nous avons pour notre prospérité. Et cela ne saurait se réaliser sans une paix et entente durable entre les familles et entre les villages. Telle est la vision qui nous est capitale.
La Diaspora malienne, par des cotisations et autres partenaires pour le Développement du cercle, a fourni des efforts non moins importants dans la réalisation des investissements dans le cercle : des châteaux d’eau, des centres de santé, des écoles, etc.
Pour mieux conduire ces activités, un bureau a été mis en place dans chaque commune et un à Yélimané-ville ; l’une des actions a été de prendre attache avec les autorités locales, pour comprendre le niveau de la TDRL et si possible demander un bilan des réalisations de chaque élu communal ».
Selon lui, il est arrivé, après des échanges qu’ils ont eues avec plusieurs acteurs pour avoir les clarifications demandées au sujet de cette cotisation volontaire, des interpellations et des arrestations sous prétexte qu’ils ne veulent pas payer des impôts. « Ce qui n’est le cas », dément-il. « Nous n’avons dit à personne et nous ne saurions le dire de ne pas payer ces impôts. Ces arrestations confirment le sentiment général d’injustice dans le cercle et l’intimidation des pauvres citoyens par les autorités ».
Ces démarches ont aussi conduit à interdire l’Association de toutes activités sur le territoire de Yélimané, tandis que Dagakané veut poursuivre avec ces actions de développement.
« Nos projets de développements qui sont bloqués par cette interdiction à la demande de nos élus sont énormes. Malgré cette tension qui sévit, nous avons électrifié la maison d’arrêt ; électrifié la salle d’opération du centre de santé de Yélimané, confectionné 9000 cahiers pour les élèves, avons fourni au même centre de santé des appareils éoliennes mais qui sont bloqués aujourd’hui suite à l’effet de l’interdiction », révèle-t-on du côté de l’association.
Plus graves, suite à l’arrestation de leur porte-parole, Bakary Djambou, les populations ont été violemment réprimées, des femmes ont même été bastonnées par les forces de l’ordre, à tel point que l’on déplore des blessés graves.
« Nous demandons au Gouvernement Malien de faire manifester toute la vérité dans cette histoire à Yelimané », souhaite-t-il.
VERSION DE L’HONORABLE MAMADOU HAWA GASSAMA
Au cours de sa rencontre le samedi 14 mai dernier, lors d’une conférence de presse animée le député URD Hawa Gassama par lui-même ; d’entrée a indiqué l’honorable Hamata Soukouna, député ADEMA de la localité: «Cette lutte contre le paiement de la TDRL menée par l’Association Yélimané Dagakané, est illégale, par conséquent ne saurait prospérer».
C’est dans le même sens qu’a abondé son collègue, Mamadou Hawa Gassama, député URD de Yélimané. «Depuis que je suis député, il y a de cela plus de 20 ans maintenant, soit 5 cinq mandats continus, sans compter la période de la transition dirigée par Dioncounda Traoré, mon combat est constant : c’est le bien-être des populations de Yélimané et le développement du Mali, pas plus», a déclaré l’honorable Mamadou Hawa Gassama face aux hommes des médias «Cette mission dont je me sens investi, personne ne pourra m’en détourner, surtout que les seuls bénéficiaires sont mes compatriotes de Yélimané et ceux du Mali tout entier» a-t-il poursuivi.
Cette conférence de presse, faut-il le souligner, fait suite aux récents évènements survenus à Yélimané où une simple manifestation populaire s’est vite transformée en une action de désobéissance civile des populations de la dite localité ; des populations qui s’insurgent contre le paiement de la taxe de développement régional et local (TDRL). Derrière toute cette action se trouverait, une organisation : l’Association des ressortissants de Yélimané appelée ‘Yélimané Dagakané’. Cette association aurait décidé unilatéralement de demander aux populations de la localité de ne plus s’acquitter des taxes auprès de quelque autorité de la localité que ce soit.
Dans son intervention, le député Hahamata Soukounata a donné les détails de cette TDRL dont les taux, fixés par la loi, différent d’un cercle à un autre du pays. Selon le député, le taux normal de la TDRL est de 2135 F CFA à Yélimané contre 2500 F CFA à Koutiala cercle et 1000 F CFA à Ménaka. «C’est la loi qui le dit ainsi. Ce n’est le fait de personne encore moins des maires, députés ou un préfet de quelque localité du pays que ce soit », a affirmé l’honorable Soukouna.
Dans cette affaire de quoi s’agit-il ? Il s’agissait de déduire de la TDRL 1000f F CFA qui avaient été ajoutés sous la 2è République, pour les besoins de construction d’une résidence pour l’ancien président Moussa Traoré. C’est contre ces 1000 F CFA qu’elle juge indue, que l’association ‘Yelimané Dagakané’ a organisé un soulèvement populaire, en se rendant, famille par famille, pour appeler les populations a ne plus payer la TDRL.«L’association ‘Yélimané Dagakané’ a été invitée par nos soins, quand nous avions mené des investigations pour comprendre le payement des 2135 F CFA qui est conforme à la loi en la matière. Elle a joué à la sourde oreille» dira l’honorable Mamadou Hawa Gassama. La vérité, a-t-il ajouté, c’est que cette association n’est reconnue, ni par nous, ni par l’Etat. Pour tout dire, elle n’a même pas de récépissé, ni au Mali ni en France ; elle opère en toute illégalité. Pire, depuis 2012, les impôts ne sont pas payés à cause des manigances de cette association qui n’a aucun fondement légal.
Pour l’histoire, en 1986, l’ex chef de l’Etat, Moussa Traoré avait effectué une visite à Yélimané où, faute de résidence, il avait été accueilli sous un hangar qui sera emporté par le vent au moment où le chef de l’Etat prononçait son discours. Le général Traoré aurait ainsi déclaré que si jamais il revenait une autre fois à Yélimané et qu’il est reçu sous un hangar, les habitants verront de quel bois il s’échauffait.
C’est suite à cette visite et à cette menace de Moussa Traoré, qu’il a été décidé d’augmenter le taux de la TDRL de 1000 F CFA pour la construction d’un pied-à-terre. Aujourd’hui, l’association Dagakané exige qu’il soit mis un terme au paiement de cette somme qui, selon elle, n’a plus objet.
Bakary M Coulibaly
Source : Aujourd’hui-Mali
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