Cela fait 6 mois, plus précisément le 18 janvier 2016, que le village de Toukamakan a été démoli par la justice de Bafoulabé, suite à un conflit foncier l’opposant au village de Kémélé. Rien n’a été épargné par les gendarmes, sur instruction d’un huissier de justice. Les 56 maisons du village ainsi que des greniers, la mosquée, l’école, des frigos, des téléviseurs, des panneaux solaires, de l’or, des animaux ont été détruits et incendiés. Dès lors, il ne restait plus rien de ce village fondé il y a 50 ans dans la commune rurale de Diagon, cercle de Bafoulabé. Des centaines de femmes, surtout des femmes enceintes, des enfants dorment à la belle étoile.
Le constat a été fait par l’honorable Oumar Mariko qui a effectué une visite le lundi 16 mai 2016 pour écouter les populations, comprendre et s’informer sur ce qui est arrivé à ce village. Il était accompagné du secrétaire de la lutte sociale du parti, Allaye Bocoum, et Me Mariam Diawara.
En effet, depuis 2007, un bras de fer oppose le village de Toukamakan à celui de Kémélé autour d’un litige foncier ayant pour objet un champ de culture. Après plusieurs tentatives de conciliation, les Conté du village de Kémélé, qui réclament la paternité du lieu, et les Baradji du village de Toukamakan ne sont pas parvenus à s’entendre. Et c’est finalement à cause d’une bavure judicaire en janvier 2016 que le village de Toukamakan a été démoli et incendié par des gendarmes sous les yeux impuissants des populations.
Les habitants désespérés ont réservé un accueil chaleureux à l’honorable Oumar Mariko et à sa délégation. Ils ont exprimé leur joie pour cette marque de considération à leur égard par le président du parti Sadi. Tour à tour, plusieurs témoignages ont été faits par les populations du village de Toukamakan, pour dire qu’elles ont été victimes d’une injustice.
Selon ces témoignages, le village a été fondé par les Baradji. Ils ont indiqué que l’espace querellé ne concernait pas le village, mais un champ de culture. À en croire toujours ces témoignages, le jour où les gendarmes sont venus détruire et incendier le village, ils ne leur ont même pas donné le temps de faire sortir leurs bagages. «Ils sont venus mettre le feu d’abord et détruire tout ensuite. Ils ne nous ont même pas donné le temps de faire sortir le chef de village qui était paralysé et non-voyant de sa chambre.
C’est sous les gaz lacrymogènes que nous avons pu faire sortir le chef de village qui, quelques mois après, est décédé suite à cette situation. Nous sommes dans cette situation depuis 6 mois, sans habits, sans nourriture, sans école pour les enfants. Nos enfants sont malades. Nous dormons à la belle étoile et l’hivernage approche. Nous demandons justice et réparation», ont-ils déclaré.
Après avoir écouté les populations et compris la situation, l’honorable Oumar Mariko a déclaré que le spectacle est désolant. Car, selon lui, des centaines de femmes, d’enfants vivent à la belle étoile à l’approche de l’hivernage. Pour le président du parti Sadi, tout cela s’est passé sur la base d’un faux jugement. Lequel remet en cause la problématique de la justice dans notre pays.
D’autant que, à l’en croire, il y a eu l’arrêt du tribunal qui a poussé à cette action et qui est flou sur la délimitation des endroits à démolir. Oumar Mariko a souligné que le hameau n’est pas dans la zone de contestation. «Il y a eu une attestation de la Cour suprême qui devrait être présentée à l’huissier pour leur dire qu’il y a un rabat en cours de délibéré qui suspendait toute action sur le village. Cette attestation est signée du Greffier du parquet de la Cour suprême», a-t-il fait savoir.
Par ailleurs, l’honorable Mariko a souligné qu’il appartient au premier magistrat du pays de prendre le taureau par les cornes et d’être plus regardant sur l’activité de la Magistrature. «Cette population a besoin d’aide urgente en matière de nourriture, de matériaux de construction pour que les habitants soient à l’abri du besoin.
Il y a plusieurs femmes, surtout des femmes enceintes et des enfants qui dorment à la belle étoile. Le ministère de la Solidarité doit faire preuve de solidarité pour intervenir le plus rapidement possible. Le ministère de l’Education est aussi interpellé pour venir en aide aux enfants qui suivaient un cursus scolaire de Medersa», a conclu Oumar Mariko.
Diango COULIBALY
Source: Le Reporter
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