Depuis les attentats de Grand-Bassam, les ressortissants des États membres de la Cedeao et plus précisément du Mali souffrent le martyr. « Après l’attaque terroriste de Grand-Bassam : Grande crainte de représailles contre les maliens en Côte d’Ivoire », titrons-nous, il y a quelques semaines. Après l’attaque terroriste de Grand-Bassam, une banlieue abidjanaise dont le cerveau et les supposés auteurs sont des maliens, la crainte de représailles contre la communauté malienne vivant en Côte d’Ivoire devient de plus en plus persistante.
En plus de toutes les mesures sécuritaires, Hamed Bakayoko, ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité devrait faire adopter en Conseil des ministres une directive qui durcira les conditions d’entrée dans le pays pour les ressortissants des États membres de la Cedeao : seuls les détenteurs d’un passeport et/ou d’une carte d’identité biométriques devraient être autorisés à fouler le sol ivoirien.
Cette directive ouvre la voie à toute sorte d’abus de la part des force de sécurité ivoirienne, une source d’argent puisque ceux qui ne disposent pas le fameux sésame (ils sont nombreux) seront obligés de mettre la main à la poche. Ca nous rappelle la fameuse et triste époque de la carte de séjour en Côte d’Ivoire.
Dans la ville d’Abidjan, dans les autres régions, sur les axes routiers, les tracasseries administratives sont devenues fréquentes. Les contrôles inopinés des pièces d’identité sont devenus monnaie courante, les harcèlements se sont multipliés. Avec la clé des amendes de fortes sommes pour ceux qui ne sont pas en règle.
Depuis ce sont des désagréments étant donné que rares sont ceux qui possèdent les passeports et les cartes d’identité biométriques. Le Mali, à titre de rappel, a introduit, il y a seulement quelques semaines le passeport biométrique dont l’acquisition demeure un parcours de combattants. Quand on veut exiger de tels documents aux maliens c’est une manière de leur dire de rester chez eux. Or le trafic entre le Mali et la Côte d’Ivoire représente plusieurs milliards de francs par an.
Avant, il y a quelques semaines, la peur est montée d’un cran du côté des maliens de Côte d’Ivoire quand les autorités sécuritaires maliennes ont annoncé l’arrestation de deux personnes en liaison avec les attaques terroristes en Côte d’Ivoire. Le vendredi 25 et samedi 26 mars dernier au cours de deux opérations distinctes, dans nord de notre pays, deux suspects clé et non les moindres en relation avec les récentes attaques terroristes de Grand-Bassam ont été arrêtés. Il s’agit d’Ibrahim Ould Mohamed arrêté au nord-ouest, près de Tombouctou et de Mydi Ag Sodack Diko interpellé lui au sud de la ville de Gao.
Depuis cette annonce, la peur a gagné les maliens vivants en Côte d’Ivoire qui ne sont d’ailleurs pour rien dans cette attaque. Ils ne sont ni de près, ni de loin concernés. Ils sont aussi victimes des terroristes comme tous les autres. La menace terroriste est globale. Aucun pays, aucune Nation, aucune communauté n’est à l’abri. Ainsi, la menace étant globale, la solution aussi doit l’être.
Des ressortissants maliens à Abidjan et d’autres régions, nous ont fait part de leur crainte. Dans les causeries en ville, dans les marchés, dans les transports, dans les champs dans la Côte d’Ivoire profonde où les conflits intercommunautaires sont permanents, une certaine catégorie d’ivoiriens ne décolèrent pas contre le Mali et les maliens. Ils les accusent, ils les traitent de terroristes ou de servir de soutiens aux terroristes.
Donc les complices des terroristes. Après avoir mesuré la gravité de la situation, les autorités ivoiriennes ont multiplié les appels au calme, à la compréhension, à la retenue. Des messages qui appellent les uns et les autres à éviter l’amalgame ont été largement véhiculés. Espérons qu’ils seront entendus par certains nationalistes ivoiriens qui voient au Mali et aux maliens les responsables de l’attaque de Grand-Bassam. Mais, sur le plan des textes l’étau se resserre de plus en plus sur les ressortissants maliens.
En plus de toutes les mesures sécuritaires, Hamed Bakayoko, ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité devrait faire adopter en Conseil des ministres une directive qui durcira les conditions d’entrée dans le pays pour les ressortissants des États membres de la Cedeao : seuls les détenteurs d’un passeport et/ou d’une carte d’identité biométriques devraient être autorisés à fouler le sol ivoirien. Ce qui constitue une entrave sérieuse à la libre circulation des personnes et de leurs biens dans l’espace Cedeao.
Moussa Mamadou Bagayoko
Source: L’Humanité
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